La femme qui valait son pesant de gallions [pv Jeshua :33]

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atildus savourait son whisky pur-feu avec se sentiment merveilleux que seule la satisfaction peut procurer, ce sentiment que tout était sur les rails, que rien ou presque n'échappait à son contrôle. Elle s'y entendait pour prétendre ne pas avoir été affectée du tout par son passage par la case prison, mais c'était évidemment un mensonge. La vie entre quatre murs, derrière les barreaux, la promesse de ne jamais revoir le jour, affecterait n'importe qui, mais elle ne savourait que d'autant plus la vie qu'elle menait à présent. Elle avait eu des projets, des ambitions, et jusqu'alors, ses choix l'avaient précisément menée où elle le désirait. Elle avait pu rejoindre les rangs de Grindelwald, et elle se sentait à sa place au service de cet homme charismatique et puissant, qui savait précisément quel sens donner à la vie de chacun.

Elle s'était trouvée une soeur en la personne de Jane, et elle aimait sincèrement partager son quotidien avec elle. Bien sûr, elle espérait retrouver Eleanora également, c'était l'ombre au tableau, mais elle était convaincue que ce n'était jamais qu'une question de temps avant que cela n'arrive, après tout. Et elle s'était trouvée une nouvelle cible qu'elle estimait prête à tomber dans ses filets. Elle rivalisait d'idée pour faire céder Henry Shaw à son charme, et elle était certaine qu'elle y parviendrait. En bref, elle n'avait que des opportunités et des perspectives.

Bien sûr, il y avait le risque, perpétuel, celui de se faire avoir, celui de se faire prendre, mais Matildus n'était, à vrai dire, pas franchement inquiète à ce sujet. Au contraire, même, elle était à peu près certaine de savoir tirer son épingle du jeu quoi qu'il advienne. Quand on avait su faire un premier pied-de-nez à la justice, on avait tendance à se trouver invincible. Oui, il y avait encore beaucoup de travail à faire, mais elle n'était pas inquiète pour autant, elle pensait honnêtement que les Aurors du MACUSA ne lui mettraient pas le grappin dessus et avaient de toute façon d'autres chats à fouetter, à coup sûr. Et pour le reste... Il n'y avait aucune menace qui l'inquiète vraiment. Elle était vigilante.

Une vigilance relative si on tenait compte de ses habituelles virées au Blind Pig, mais elle n'était pas inquiète à ce sujet. Elle pensait être suffisamment aguerrie pour être capable de repérer les mouvements les plus suspects et savoir y pallier, tout simplement. Et c'était exactement pour cette raison que tous ses sens étaient aux aguets. Il y avait cet homme assis non loin, alors qu'elle-même était attablée au comptoir. Ce n'était peut-être qu'une impression, mais elle avait le sentiment qu'il l'observait, non, qu'il la dévisageait... Mais ça, c'était de la paranoïa. Mais dans le doute... Son verre à la main, elle décida de rejoindre l'homme à sa table.

-On se connaît ? J'ai le sentiment de vous avoir déjà vu.

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n visage commun ? Non, Billie ne dirait certainement pas cela au sujet de son interlocuteur, et c'était sans doute pour cette raison, même, qu'il avait su capter son attention pour commencer. Cet homme n'avait pas manqué de discrétion, ce n'était pas le problème, mais Billie était obligée d'avoir plus d'un tour dans son sac si elle ne voulait pas sacrifier sa sacrosainte liberté (et évidemment, elle ne le voulait pas). La veuve noire était obligée, pour sa propre sécurité, de passer au crible absolument toutes celles et ceux qui croisaient sa route.

Et donc, quand des allées et venues étaient fréquents autour d'elle, elle le constatait. L'avantage, avec son interlocuteur, c'est qu'il ne jouait qu'à moitié les innocents. Il ne se déroba pas et exposa presque tout naturellement ses intentions. Elle n'aurait peut-être pas tant de difficultés que cela à obtenir la réponse à ses questions. Encore fallait-il qu'elle sache en faire quelque chose, à présent, ce qui était évidemment une tout autre affaire. Billie, pour le coup, se sentait en relative sécurité ici. Ce serait beaucoup trop dangereux de se confronter directement ici, où les trois quarts des clients étaient des criminels et pourraient bien décider d'un combat musclé. Elle avait plus d'amis que d'ennemis, ici, elle doutait assez que ce soit, en revanche, le cas de son interlocuteur.

-Vous aviez bien commencé... Et dire que je m'attendais à un compliment sur mon physique exceptionnel, répondit Matildus avec un sourire après avoir affiché une moue qui n'était que faussement boudeuse, car en réalité, Billie n'était pas vexée du tout.

D'autant que les compliments dits et pensés sur son physique commençaient à se faire de plus en plus rares à mesure que le temps passait. Oh, pour sa part, elle se trouvait toujours aussi belle, vraiment. Et elle savait qu'elle pouvait toujours jouer de sa plastique. Mais elle n'avait plus l'âge d'une Jane, par exemple. Les rides sur son front et au coin de ses yeux devaient lui rappeler que le temps passait, l'air de rien, que cela lui plaise ou non, et qu'il fallait bien qu'elle l'accepte.

-Crachez le morceau, je doute que vous m'épiez dans l'intention de m'offrir un verre ou de me demander un autographe. Vous travaillez pour le Macusa ? ... Non, vous auriez eu d'autres occasions de m'arrêter en bonne et due forme... Chasseur de prime, je parie, suggéra-t-elle alors, convaincue qu'elle touchait du doigt ce qu'était la véritable profession (si on pouvait appeler cela une profession de son interlocuteur).

Un choix de carrière pour le moins exotique, si l'on peut dire, mais qui ajoutait au charme et au mystère qui entouraient cet homme dont elle attendait de connaître l'identité.

-Je suppose que je n'ai pas besoin de me présenter, puisque ma réputation me précède. Mais à qui ai-je l'honneur ?

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J

eshua Aguilar. Billie se promettait de retenir ce nom des plus précieusement, même si elle n'était pas tout à fait certaine de pouvoir en faire quelque chose. Ce nom ne lui disait rien, mais en même temps, elle ne connaissait pas le nom de tous les chasseurs de prime, qui se gardaient bien de décliner leur identité. D'ailleurs, était-ce seulement sa véritable identité ? Non, ce n'était pas du tout une certitude, mais c'était peut-être un alias qu'il avait l'habitude d'utiliser, par contre. La jeune femme était aux aguets, en tout cas, très curieuse... Elle ne voulait pas être inquiète de ce qu'il pourrait lui faire, même si elle était peut-être en danger, elle essayait surtout de collecter le plus d'informations possibles afin de s'en faire une très bonne idée.

-Je suis navrée, mais votre réputation ne vous a pas précédé, répondit posément Billie.

Est-ce qu'elle ne devrait pas le brosser dans le sens du poil ? Elle ne pensait pas que ça changerait grand-chose au bout du compte. Non, ça ne changerait sans doute rien, même. Elle était convaincue du fait que Jeshua avait un ego particulièrement développé, mais elle ne caressait les egos dans le sens du poil que quand il s'agissait de ceux de petits vieux qu'elle voulait attirer dans sa toile. Jeshua était bel homme : elle n'aurait rien contre le fait de l'attirer dans ses toiles, mais ce ne serait certainement pas dans le but de profiter de ses richesses. Elle devinait, d'ailleurs, que le jeune homme devait vivre assez chichement au bout du compte.

-Je ne dis jamais non à un homme qui m'offre un verre, répondit Matildus d'un ton entendu quand son interlocuteur lui proposa à boire. Cela fait partie de mes principes. Elle marqua une pause. Commandez un whisky pur-feu pour moi, s'il vous plaît, décréta-t-elle alors.

C'est vrai, il ne pouvait rien contre elle ici, et ils en avaient tous les deux conscience. Mais peut-être espérait-il l'alcooliser afin de l'attirer ailleurs ? Elle ne s'inquiétait pas réellement de cela. Elle pensait qu'elle s'en sortierait toujours à bon compte quoi qu'il en soit. De son côté, elle se disait que ce serait juste l'occasion de passer un moment intéressant avec un jeune homme intrigant. Est-ce que ça mènerait où que ce soit ? Va savoir, mais il y a de quoi s'intéresser malgré tout, et elle préférait faire en sorte de rendre cette rencontre et cette conversation aussi intéressantes que possible. Cela, ça devait bien être possible, pas vrai ? En tout cas, Matildus, pour sa part, y croyait complètement... Elle avait l'art de tourner de nombreuses situations à son avantage, dans tous les cas, et elle n'avait pas l'intention de s'arrêter sur une si bonne voie.

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