#Sujet: L'amitié s'entretient d'entretiens (pv Adalbert)Jeu 3 Jan - 11:10
Elizabeth avait grand besoin de faire une pause. C’est que ces derniers temps, elle n’était pas réellement ménagée, et elle ne savait pas si c’était la tension ambiante ou son seul caractère, mais elle voyait bien qu’elle s’abandonnait un peu trop facilement à la paranoïa… Forcément, elle n’avait pas envie de devenir ce genre de femme qu’elle n’avait eu aucune difficulté à conspuer autrefois pour leur manque d’amour propre, alors il fallait définitivement qu’elle fasse quelque chose.
Qu’elle se prenne en mains, qu’elle assume ses responsabilités, et cesse de se farcir la tête de si et de pourquoi. Elle était une femme relativement accomplie. Elle faisait un travail qui la passionnait, et si les règlementations en matière de créatures fantastiques étaient par trop rétrogrades, cela ne l’empêchait pas de pouvoir transmettre son savoir aux jeunes générations, et en plus de cela, elle ne tarderait pas à épouser l’homme qu’elle aimait depuis ce qu’on pouvait dire toujours.
Oui, tout n’était pas idyllique avec Ethan. Il rentrait souvent tard, était de plus en plus irritable. Mais il fallait le comprendre aussi, il menait une enquête vraiment difficile auprès des fidèles de Salem, et il était évident qu’elle lui tenait à cœur… et le stress du mariage n’aidait pas davantage… Il avait beaucoup de pression sur les épaules. Alors évidemment, quand Elizabeth débarquait avec ses accusations et ses soupçons, il était logique qu’il n’ait pas envie de l’entendre.
Elle avait décidé de se montrer plus souple… ou essayer, en tout cas, et donc, pour aujourd’hui, elle avait décidé de profiter d’une de ses dernières journées de vacances pour.. prendre de vraies vacances, arrêter de se torturer l’esprit et se détendre un peu. Si elle décidait de se calmer et de prendre sur elle, la situation avec son fiancé se détendrait peut-être instinctivement. Et il fallait qu’elle accepte, aussi, qu’il y avait des points sur lesquels elle n’avait aucune prise, aucun contrôle, et ce n’était pas grave.
Alors, aujourd’hui, pas de préparatifs de mariage, pas de paranoïa, elle avait décidé de rendre visite à l’un de ses amis les plus précieux. Elle lui avait envoyé un courrier (elle savait qu’il n’aimait pas être pris au dépourvu), et ils devaient donc prendre le thé chez lui. Ce fut tout à fait ponctuelle qu’elle se présenta à sa porte.
"Adalbert." La jeune femme serra brièvement son ami dans ses bras après qu’il lui eut ouvert la porte. "Comment est-ce que tu vas ? Ethan m’a dit que tu étais passé à l’appartement l’autre jour, je suis désolée de t’avoir manqué. Tu n’avais rien d’urgent à me dire, au moins ?"
dalbert était constant et appliqué dans bien des domaines, mais l'on pouvait bien reconnaître que dans certains domaines, il n'était pas sans faille. Celui de l'amitié était certainement d'ailleurs celui qui lui faisait le plus de défauts. Ce n'était pas volontaire de sa part. Adalbert n'était pas un solitaire par nature, il l'était par défaut, parce qu'il avait souvent du mal à entretenir ses amitiés avec les personnes desquelles il était pourtant très proches. Il fallait s'accrocher, pour entretenir une amitié durable et sans faille avec lui. Et celle qui avait su le mieux passer outre les manies déplaisantes du théoricien qui passait plus de temps dans ses bouquins que tout autre chose, c'était clairement Elizabeth. Adalbert et elle se connaissaient depuis presque toujours, puisque leur amitié était née à Ilvermorny, et en dépit de la distance et de tout ce qui était susceptible de les éloigner, ils avaient su rester proches et complices.
Ils se voyaient bien moins souvent qu'avant, mais ne se le reprochaient pas, et l'un dans l'autre, leur amitié avait su conserver son équilibre, un équilibre qui voulait qu'ils aient toujours le plus grand plaisir à se retrouver et à passer du temps ensemble tous les deux. Bon, en tout cas, c'était bel et bien le cas pour Adalbert, il ne pouvait pas juger de ceque son interlocutrice pensait de son côté. Il espérait seulement que ce soit effectivement réciproque et qu'il ne soit pas un poids pour elle.
Visiblement, ce n'était pas le cas, puisque c'était Elizabeth qui avait décidé de passer du temps avec lui et de s'inviter chez lui, ce qui allait tout à fait à Adalbert, d'autant plus qu'il avait voulu lui rendre visite, sans succès, la dernière fois.
-Bonjour Elizabeth, répondit-il en lui rendant son étreinte avant de l'inviter à rentrer chez lui. Ne t'en fais pas, je passais simplement de coin et je me suis dit que j'allais en profiter pour te rendre visite, ça faisait longtemps. Sinon, je vais bien. Il esquissa un sourire. Et toi ? Tout se passe bien. Les préparatifs de votre mariage avancent comme vous voulez ?
L'organisation d'un mariage, c'était quelque chose d'un peu trop.. prosaïque, pour Adalbert, mais puisque ça concernait son amie, il pouvait faire l'effort de s'y intéresser.
-Bonjour Elizabeth. Ne t'en fais pas, je passais simplement de coin et je me suis dit que j'allais en profiter pour te rendre visite, ça faisait longtemps. Sinon, je vais bien.
Elizabeth était effectivement soulagée de l'entendre. La jeune femme savait que si on ne l'en tirait pas à un rythme régulier, Adalbert était capable de disparaître pour toujours dans sa grotte, submergée par une masse infinie de bouquins. Et elle savait que le pire, c'était qu'il appréciait sa compagnie, ça n'avait rien à voir avec cela. Il avait juste un peu de mal à se sortir de ses réflexions.
Raison pour laquelle il avait besoin d'une piqûre de rappel à l'ordre d'une fois à l'autre. Et elle était soulagée de ne pas le déranger et d'être très bien accueillie.
Pour une fois qu'il venait la voir juste pour le plaisir de la voir, il avait fallu que ce soit elle qui soit absente. Les visites à l'improviste d'Adalbert étaient rares, Elizabeth regrettait d'avoir manqué celle-là. Ceci dit, elle était rassurée qu'il n'ait pas eu quelque chose d'important à lui dire. Et qu'il aille bien. En tout cas, elle partait du postulat qu'il allait bien, même si elle ne pouvait pas en être sûre.
Et toi ? Tout se passe bien. Les préparatifs de votre mariage avancent comme vous voulez ?
Elle afficha un sourire, et elle espérait que ce n'était pas trop ressemblant à une grimace. Elle savait qu'Adalbert faisait l'effort de s'intéresser à cet aspect de sa vie mais que ce n'était pas le genre de sujet qui le passionnait. Cela dit, c'était quelque chose de très important dans sa vie en ce moment, alors elle appréciait tout de même qu'il prenne le temps de s'y intéresser, tout comme elle allait prendre également le temps d'y répondre de son côté. Après, ils pourraient bien passer à des sujets bien plus susceptibles d'intéresser son interlocuteur.
"J'ai l'impression qu'on n'en aura jamais fini", concéda-t-elle avec un fin sourire. "Je pensais que je réussirais à mettre mes vacances à profit pour mettre tout ça à jour mais elles sont presque finis et je suis loin d'avoir respecté mon planning." Ce n'était pas faute d'avoir mis du coeur, à l'ouvrage, pourtant. "Il faut dire que ça n'a été une période facile pour personne."
dalbert n'était pas réellement étonné de la réponse de son interlocutrice. Même s'il était loin de se douter de tous les tenants et aboutissants de l'organisation d'un mariage (car quand bien même il s'intéressait à énormément de choses, c'était définitivement un sujet qui lui passait au-dessus de la tête), il devinait en revanche que ça devait être une entreprise particulièrement ardue et chronophage. En conséquence, il était normal qu'Elizabeth soit sur les rotules. Et il était normal que pour le moment, ce sujet soit totalement au coeur de ses préoccupations, raison pour laquelle il prenait la peine de s'y intéresser en retour de son côté.
Alors très bien, Adalbert l'écoutait et lui était gré tout de même de ne pas rentrer dans les détails malgré tout. Elle avait l'impression qu'ils n'en avaient jamais fini... fort heureusement, elle avait tort, et elle serait sans doute largement récompensée le jour de ses noces. Même si, définitivement, Adalbert estimait que les mariages, c'était beaucoup d'énergie dépensée pour pas grand chose, il n'était même pas certain que les principaux concernés en profitent réellement le moment venu. Mais ça les regardait. Lui, de toute façon, ne pouvait pas parler en connaissance de cause, il n'avait personne dans sa vie et s'estimait incapable d'entretenir une relation équilibrée et durable avec qui que ce soit... et au final, ça ne lui manquait pas tant que ça. Le fait de ne jamais être tombé amoureux aidait sans doute. Quoi qu'il en soit, donc, Elizabeth n'avait pas réellement eu le temps de compléter son planning, et quand elle évoquait ce qui l'avait empêchée de progresser à un bon rythme, il pensait savoir exactement à quoi elle faisait précisément référence. Il hocha la tête, plus concerné que précédemment.
-Est-ce qu'Ethan était sur place quand... ça s'est produit ?
Il allait éviter de manquer de délicatesse et de commenter le sujet avant même de s'être assuré que le fiancé de son amie n'en avait pas accusé les séquelles. Même s'il se doutait que ça devait aller. Elle n'évoquerait pas son mariage de cette façon si quelque chose devait être arrivé à son futur mari. Mais peut-être que justement, s'il avait été présent et n'avait rencontré aucun problème, il pourrait aussi apporter un éclairage nécessaire à la situation.
-Est-ce qu'Ethan était sur place quand... ça s'est produit ?
Elizabeth fit non de la tête. Non, Ethan n'avait pas fait partie des Aurors détachés afin de combattre l'obscurial, et c'était une chance, car qui sait ce qui lui serait arrivé s'il avait été sur les lieux ? Tant de ses collègues étaient tombés au cours de cet événement tragique...
Ethan avait l'air de le gérer dignement, mais elle savait qu'il gardait énormément de choses pour lui, c'était dans sa nature d'être quelqu'un de secret... Elle comptait bien être aussi présente que possible pour lui, afin de le soutenir et de le rassurer dans tous les cas. Il fallait qu'ils mettent leurs disputes de côté et aillent de l'avant, et en tant que future femme, peut-être aussi qu'Elizabeth devait mieux tenir son rôle auprès de son époux.
La question d'Adalbert lui fit chaud au coeur, en tout cas. Elle savait que ce n'était pas le grand amour entre Ethan et lui, et que depuis Ilvermorny, ils se tenaient quelques rancoeurs adolescentes que le temps n'avait pas effacées. Mais il faisait l'effort. Par amitié pour elle.
Oh, Elizabeth se doutait un peu que son ami espérait aussi, de la sorte, en apprendre plus sur les tenants et aboutissants de ces tragiques événements, elle connaissait son ami par coeur, après tout, mais elle ne le lui reprochait pas. A sa manière parfois maladroite, Adalbert restait avant tout quelqu'un de bien, une personne digne et intègre à elle-même.
"Non, heureusement. Il est déjà suffisamment... accaparé par son travail. Ce n'est pas simple tous les jours pour lui." Elle ne pouvait pas entrer dans plus de détails sur le sujet, juste se rappeler de temps à autre qu'il pouvait lui arriver de manquer de compassion envers l'homme qu'elle aimait, et c'était une chose sur laquelle il était important qu'elle travaille.
"Si tu espérais des détails croustillants sur les événements, tu vas être déçu, je n'en sais pas plus que toi... en fait, je parie que j'en sais cent fois moins que toi... mais ça, c'est une chose dont j'ai pris l'habitude."
Difficile de rivaliser avec un homme dont l'objectif, à terme, était d'acquérir toutes les connaissances du monde. Même si elle pensait se défendre pas mal dans son propre domaine.
dalbert dissimula sa déception en apprenant qu'Ethan ne se trouvait pas sur les lieux durant l'attaque de l'obscurus. Il ne fallait y voir aucune malice de sa part, cependant. C'était un fait, il n'appréciait pas Ethan outre mesure, et il savait pertinemment que ce dernier le lui rendait bien, mais tout de même, ce n'était pas au point d'espérer le voir en danger, grièvement blessé ou pire. Mais il était en droit de penser que même s'il s'était retrouvé sur les lieux, les choses ne s'étaient pas trop mal passées pour lui, puisque le jeune homme était toujours proche d'épouser sa meilleure amie.
N'empêche, il aurait bien aimé pouvoir récolter un témoignage direct de ce qui s'était passé là-bas. Il n'avait pas été là pour le voir de ses propres yeux, Elizabeth non plus, son fiancé pas davantage... Tant pis, il allait s'asseoir sur ces informations complémentaires. Il devait y aoir d'autres manières d'en apprendre davantage dans tous les cas. La jeune femme ajouta que son fiancé était de toute façon trop accapré par son travail comme ça, déjà. Adalbert était absolument convaincu du fait que cette réflexion dissimulait davantage d'informations, et forcément, le jeune homme cherchait toujours à quérir les informations qu'il n'était pas parvenu à posséder. Ceci dit, il ne l'interrogea pas. Il n'avait pas forcément envie que leur conversation tout entière tourne autour d'Ethan (il serait même ravi que ce ne soit pas le cas), et de toute manière, il se doutait que le jeune homme était soumis au secret professionnel. Sa future femme elle-même ne devait pas tout savoir de ses activités, c'est dire. En même temps, ce n'était sans doute pas un mal.
Il afficha un sourire d'homme cerné, levant brièvement les mains en l'air avec un sourire quand Elizabeth suggéra qu'il allait donc être déçu s'il espérait en apprendre davantage sur les événements par son intermédiaire. Il n'allait pas s'en cacher, c'était effectivement le cas. Et Elizabeth le connaissait trop bien, elle ne s'y serait pas laissée prendre s'il avait joué les innocents... Et il ne pensait pas qu'il y avait du mal à être curieux en soi... même si c'est vrai que, à la longue, ça pouvait devenir problématique.
-C'est faux, je suis sûr que sur les obscurus, notamment, tu aurais eu à m'en apprendre. Je regrette de m'être penché sur le sujet trop tard.
-C'est faux, je suis sûr que sur les obscurus, notamment, tu aurais eu à m'en apprendre. Je regrette de m'être penché sur le sujet trop tard.
Voilà, sans plus de détours, ils entraient dans le vif du sujet. Elizabeth ne reprochait pas à Adalbert de s'y être pris de cette manière. Elle le connaissait, elle savait que ce n'était jamais maladresse ou mauvaise intention de sa part, c'était seulement... son caractère. Il avait tout de même fait l'effort de s'intéresser à elle et à sa vie sa personnelle, et c'était une chose qu'elle reconnaissait et appréciait largement, qui lui prouvait bien qu'au nom de leur amitié, il était capable d'efforts.
Mais cette amitié, justement, avait toujours et avant tout reposé sur leurs conversations longues et animées, le partage de leurs connaissances, leurs échanges théoriques et philosophiques sur des sujets très nombreux et variés. Si Adalbert voulait s'engager sur ce chemin, Elizabeth le suivait sans problème, d'autant plus qu'elle se posait un nombre très conséquent de questions, et deux cerveaux valaient mieux qu'un pour y réfléchir.
Même si, sur le sujet, les connaissances d'Adalbert étaient, selon ses propres dires, limitées. Elizabeth ne doutait pas du fait qu'il ait des regrets. Un théoricien de la magie comme lui ne pouvait que vouloir en découvrir davantage sur ce sujet qui ne pouvait évidemment oublier d'être passionnant. Restait à savoir ce qu'ils pourraient retirer de leurs observations respectives concernant cette situation.
"Tu vas être déçu, j'en ai bien peur", répondit Elizabeth avec un fin sourire. La situation était bien assez dramatique pour ne pas prêter à sourire, c'est vrai, mais fallait-il qu'ils se lamentent pour autant ? C'était une chose à laquelle la jeune femme se refusait, à raison et par principe, ce n'était pas ainsi que l'on permettait quelque évolution que ce soit. "Une jeune femme était venue me consulter pour en apprendre plus, je me suis rendu compte de combien maigres étaient mes informations sur le sujet. Et encore, même ce que je pensais savoir a été réfuté, il semblerait. Tu as entendu ce qu'on dit ? C'était un adolescent. Un jeune adulte, même..." Et ça l'intriguait d'autant plus... Une information qui n'avait pas dû pénétrer l'oreille d'un sourd. Adalbert s'intéressait à tous les mécanismes, à toutes les singularités du monde magique. Il avait dû être fasciné.
uand Elizabeth suggérait qu'il puisse être déçu du peu de connaissances dont elle disposait, Adalbert ne pouvait pas la croire sur parole. Même dans ces circonstances, et même s'il pouvait concevoir qu'elle n'avait pas une connaissance très étendue de la question, Adalbert possédait une immense estime pour son amie, notamment parce qu'il savait qu'elle était capable de réfléchir comme peu d'autres savaient y parvenir. Elle était fine dans ses analyses, et elle possédait un esprit de synthèse dont lui-même manquait cruellement qui faisait que, bien souvent, leurs observations se complétaient. Raison pour laquelle discuter du sujet ensemble ne pourrait qu'être, en réalité, enrichissant. Dans leurs manières de fonctionner et d'observer, ils s'étaient toujours bien complétés. Surtout quand, comme maintenant, ils se retrouvaient face à une suggestion de faits qui se heurtaient à leurs préconçus. Ce serait forcément plus intéressant que si l'un ou l'autre en avait réellement su davantage que l'autre.
La jeune femme lui apprit qu'elle avait rencontré un demoiselle qui était venue lui demander des renseignements sur les obscurus. Adalbert fronça les sourcils. Il trouvait la démarche assez étonnante, à vrai dire. Oh, il la comprenait, bien sûr. En ces temps singuliers, ils ne devaient pas être les seuls à poser des questions, et pas les seuls non plus à chercher des réponses convenables à ces dernières. Ceci dit, et en dépit de l'immense respect qu'il portait à Elizabeth, il ne savait pas si c'était à un professeur d'étude des créatures magiques qu'il fallait s'adresser sur la question... les obscurus n'étaient pas réellement des créatures magiques... Mais enfin, justement, c'est parce que ce qu'ils étaient était si difficile à définir qu'il était si complexe de poser des mots sur tout ça.
-Oui, j'ai appris ça... Un gamin des fidèles de Salem... ça fait sens, quand on y pense. Oui, mais pas le fait qu'il ait été si âgé par contre était un mystère. Peut-être qu'on se trompe tous depuis le début, qu'il s'agit d'autre chose... Ou d'une forme évoluée d'obscurus. Il marqua une légère pause. Cette jeune femme qui est venue te voir, c'était qui ? demanda-t-il, curieux.
Au-delà de ce que cet événement avait à lui apprendre de son domaine d'expertise, il était aussi très intrigué par tous les phénomènes qui lui étaient correllés, logiques comme anodins.
-Oui, j'ai appris ça... Un gamin des fidèles de Salem... ça fait sens, quand on y pense.
Oui, ça faisait sens, ce n'est pas pour autant qu'Elizabeth avait envisagé cette option une seule seconde. Mary Lou Barebone était si... rigide, si stricte, si paranoïaque (et ce n'était pas l'état dans lequel lui revenait Ethan chaque fois qu'il partait en mission d'infiltration auprès des fidèles de Salem qui devait l'inviter à penser d'une autre manière), qu'elle ne l'imaginait pas une seule seconde héberger et adopter un enfant qui aurait suscité en elle des doutes concernant son ascendance sorcière ? A moins, bien sûr, qu'elle ait eu un projet en tête à ce sujet.
Ce qui faisait sens en revanche, et cela ne pouvait faire de doutes pour personne, c'était qu'aucun enfant ne pouvait autoriser ses pouvoirs et sa magie s'épanouir sous l'égide de cette femme horrible et persécutrice.
Elle se rappelait de la conversation qu'elle avait eue avec Credence... Si elle avait su, à ce moment-là... Est-ce qu'elle aurait pu y faire quelque chose ? Sans doute pas... Mais cela ne l'empêchait pas de regretter de n'avoir rien vu. Bien sûr, elle avait constaté que le jeune homme était mal dans sa peau, mais elle n'avait pas réussi à creuser davantage... Et il était trop tard pour exprimer des regrets.
Peut-être qu'on se trompe tous depuis le début, qu'il s'agit d'autre chose... Ou d'une forme évoluée d'obscurus.
Elle reconnaissait bien là la curiosité et l'esprit d'analyse de son meilleur ami. Il cherchait toujours à voir au-delà, et il ne supportait surtout pas les questions qui ne rencontraient pas de véritable réponse.
Et il avait raison, Credence était presque un adulte, et son pouvoir dépasser les normes et toutes les connaissances répertoriées sur les obscurus avant ce jour. Peut-être que c'était une dénomination erronnée. Même si tous les signes étaient là. Se pencher sur le sujet était un peu tardif, malheureusement.
Cette jeune femme qui est venue te voir, c'était qui ?
Forcément, elle avait éveillé en lui une autre sorte de curiosité, mais sur ce point, Elizabeth se disait qu'Adalbert avait de fortes chances d'être déçu, à la vérité.
"Elle s'appelle Elsa Moore, une journaliste... presque aussi insistante que toi quand elle veut avoir des réponses à ses questions." Elle marqua une légère pause. "Tu sais, je l'avais rencontré... Credence... Je m'en veux de n'avoir rien vu."
ne journaliste du nom d'Elsa Moore, donc. Soit, Adalbert allait garder ce nom dans un coin de sa tête, mais à vrai dire, il ne pensait pas que cette information lui serait être très utile. Sa curiosité avait été quelque peu piquée en apprenant que quelqu'un avait demandé à son amie des précisions concernant les obscurus, mais s'il s'agissait d'une journaliste, ça l'intéressait beaucoup moins. Il n'y avait pas à se demander cent ans pourquoi cette jeune femme avait espéré pondre un article sur la question, vu que le sujet était forcément au centre de toutes les considérations des sorciers à l'heure actuelle. Ceci étant dit, Adalbert n'avait pour les journalistes qu'une estime tout à fait relative.
Il pouvait entièrement reconnaître le fait que certains faisaient honorablement leur travail et n'avaient pas à rougir de leur carrière, mais il avait trop souvent constaté à son échelle les ravages de la course à l'information pour avoir une opinion très favorable à tout ce qui touchait de près ou de loin à ce milieu et aux personnes qui le représentaient. De manière générale, il n'appréciait pas qu'une seule voix puisse régir l'opinion commune, ce qui était l'ambition des médias. C'était sûrement une réflexion hypocrite de la part d'un homme qui gagnait sa vie en écrivant des livres qui justement essayaient d'en apprendre à ses condisciples sur la magie. Mais il y avait à ses yeux une infinie différence entre les faits et les opinions, et qui ne pouvait absolument pas être négligée.
Bref, il n'allait pas poser davantage de questions concernant cette journaliste, juste retenir son nom au cas où, et au lieu d'en demander plus, il se contenta par conséquent de sourire quand Elizabeth compara la curiosité maladive de la jeune femme à la sienne. A ce sujet, il était bien contraint de plaider coupable. Son besoin quasiment viscéral de tout voir et de tout savoir n'était pas toujours apprécié. Ceci dit, il ne pensait pas qu'Elizabeth serait du genre à lui en tenir rigueur. Elle faisait partie de ces personnes qui avaient su le percer à jour, tout simplement.
-Tu n'as aucune raison de t'en vouloir, tu ne pouvais absolument pas deviner, répondit Adalbert d'un ton rassurant quand Elizabeth lui parla du fait qu'elle avait rencontré ce garçon. Il comprenait qu'elle se reproche de n'avoir rien vu, à sa place, il penserait de même. Mais d'un point de vue extérieur, il était évident qu'elle n'aurait rien pu faire du tout. Qu'est-ce qu'il t'avait dit ?
Au sujet d'Elsa Moore, Adalbert ne dit rien de plus, ne posa aucune question quand bien même l'on pouvait estimer qu'il s'agissait là de son rayon, le questionnement constant.
Elizabeth supposait sans mal que le sujet ne l'intéressait pas vraiment ou, plus certainement, qu'il n'avait pas envie de s'y intéresser, et Elizabeth n'avait pas vraiment besoin de s'interroger longuement là-dessus pour comprendre pourquoi. Elle savait qu'Adalbert n'avait jamais tenu les journalistes en grande estime. Même s'ils l'aidaient à vivre quand ils publiaient des papiers sur ses oeuvres, il ne pouvait évidemment pas s'entendre avec des personnes qui avaient fait de la manipulation de la vérité un travail à plein temps.
Elizabeth n'était pas aussi catégorique sur la question et lisait la presse avec plaisir, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir pour autant et comprenait sans problème le point de vue de son meilleur ami. La presse était partisane, personne ne pouvait réellement nier cela, c'était un fait, un fait pu et brut.
-Tu n'as aucune raison de t'en vouloir, tu ne pouvais absolument pas deviner.
Non, bien sûr, elle ne pouvait pas savoir, et elle essayait de le répéter encore et encore. Mais ça ne changeait rien à la culpabilité qu'elle ressentait bien malgré elle. Malgré tout, ça faisait du bien d'avoir une opinion comme celle-ci... Surtout de la part d'Adalbert, qui avait la capacité de demeurer objectif même quand la situation ne semblait pas vraiment s'y prêter.
Elle ne pouvait pas deviner, mais pendant longtemps, elle se rappellerait le fil un peu disparu de leur conversation en se demandant s'il n'y avait pas eu un petit quelque chose qui pouvait l'aider. Il transpirait l'appel au secours, et c'est ce qui rendait le tout encore plus délicat. Comment ne pas se dire qu'elle aurait bel et bien pu faire quelque chose.
- Qu'est-ce qu'il t'avait dit ?
C'était confus, elle n'en gardait plus le souvenir vraiment intact. Ce qu'elle savait en revanche, c'était qu'il y avait en lui une détresse qu'elle avait immédiatement ressentie. Sans avoir rien fait pour autant.
"Pas grand-chose. Il était réservé, tu sais, pas vraiment accessible. Et moi j'étais..." Elle soupira, elle se sentait vraiment stupide, en y repensant. "Je cherchais Ethan, j'étais... à côté de la plaque, égoïste..."
dalbert savait bien qu'il devrait sans doute poser le moins de questions possibles alors qu'il voyait bien que sa meilleure amie était bouleversée à l'évocation de sa conversation avec le jeune Credence Barebone... Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il avait besoin de lui poser toutes les questions qui lui brûlaient les lèvres. Et aussi, il avait envie de croire que, puisqu'elle le connaissait si bien, elle savait qu'en abordant le sujet, elle en demanderait plus, et donc cela ne la dérangeait peut-être pas tant que cela que d'en entendre davantage sur cette situation. Elle avait peut-être tout simplement besoin d'en parler, d'exorciser, et dans ce cas leurs intérêts se rejoignaient, à n'en point douter. En tout cas, elle ne refusa pas de lui répondre (ce qu'il aurait compris... et il n'aurait pas insisté, même si cela pouvait sembler difficile à croire au bout du compte.
Elizabeth n'avait pas grand-chose à dire, malgré tout, puisque le jeune homme lui même ne lui avait pas dit grand-chose de son côté. Il était apparemment un jeune homme très réservé. C'était sûrement compréhensible, si Adalbert devait se fier au peu qu'il savait de lui. Tout bien considéré : il vivait dans un milieu si opressif qu'il s'était vu contraint de refouler sa vraie nature, il y avait vraiment peu de chances, en conséquences, qu'il soit quelqu'un de véritablement épanoui. Apparemment, elle n'était de toute façon pas dans les bonnes dispositions pour se montrer attentive, à l'écoute... Et c'était de toute évidence ce qui la torturait réellement. Il était capable de comprendre cela. Vraiment, il l'était... Même s'il ne pouvait pas prétendre se mettre à sa place.
Apparemment, elle cherchait son époux. Adalbert savait qu'il était infiltré auprès des fidèles de Salem, dans la confidence grâce à Elizabeth. Et à l'entendre parler, il comprenait que la jeune femme était définitivement accaparée par ses propres problèmes d'ordre personnel. A quelques mois seulement de son mariage, ça ne disait définitivement rien qui vaille à Adalbert. Il n'était pas doué pour se mêler de la vie privée d'autrui, et de surcroit, c'était une chose qu'il détestait profondément. Mais en l'occurrence, il se devait d'être un bon ami, et il sentait bien que quelque chose n'allait pas.
Pour que même Adalbert en vienne à lui poser la question, c'était définitivement qu'elle était devenue tout bonnement incapable de dissimuler de telles émotions. Et elle n'aimait pas ça, ce sentiment de ne pas contrôler jusqu'à ses propres sentiments, ses propres impressions.
Cela avait pourtant toujours été dans ses habitudes d'être la plus lacunaire possible quand il s'agissait de parler d'elle-même. Si discuter autrement de tous ses sujets de prédilection ne lui posait aucun souci, et qu'elle était capable de se montrer excessivement bavarde même dans ces circonstances, elle avait appris depuis presque toujours à en dire le moins possible sur ses émotions, sur son ressenti. L'essentiel c'était que, de l'extérieur, l'on ne puisse que constater qu'elle allait bien, même si ça devait être faux.
Et elle n'épargnait personne avec sa manière de faire, pas même ses meilleurs amis. Elle avait bien conscience du fait que ce n'était pas juste, à l'adresse de personne. Mais c'était ainsi qu'elle avait toujours appréhendé la vie. Et ne saurait jamais s'empêcher de le faire au passage.
Alors oui, voilà, elle en avait trop dit, et son interlocuteur avait deviné, et même si elle s'en voulait pour cet écart de conduite, elle appréciait qu'Adalbert prenne le soin et le temps de l'écouter alors qu'il était pourtant certain, plus que certain même que ce n'était pas dans cet exercice qu'il se sentait le plus à l'aise. Il faisait des efforts parce qu'il tenait à elle... C'était une chance, mais en même temps, que dire ? Elle avait envie de balayer cette question d'un geste en se reposant sur le fait qu'il ne se passait rien de grave... mais il fallait certainement qu'elle admette, à un moment ou à un autre, que ça ne se passait pas si bien que ça à ses yeux, et que ça finissait par empiéter sur tous les aspects de sa vie, la preuve encore en cet instant.
Elle poussa un léger soupir.
"Je ne veux pas t'ennuyer avec ça... Ce n'est rien de toute façon." Mais elle sentait que ces mots sonnaient faux au moment même où elle les prononçait, comme si elle avait perdu en cet instant toute crédibilité qu'importe le sujet. "C'est un peu compliqué mais... Enfin, c'est le stress d'avant-mariage, ce genre de chose. C'est normal." Enfin, elle essayait de se convaincre que c'était normal en tout cas.
es cheminements de l'esprit humain étaient pour Adalbert l'un des rares mystères qu'il n'avait jamais véritablement cherché à percer, et cerner les autres étaient par conséquent un exercice des plus complexes pour lui. Ceci dit, l'exercice était en revanche plus simple quand il s'agissait de personnes qu'elle connaissait bien. Dans le cas d'Elizabeth, il pensait en tout cas relativement bien comprendre son mode de fonctionnement de manière générale. Elle n'était pas du genre à s'épancher sur ses émotions, et elle minimisait complètement ce qu'elle pensait, ce qu'elle disait, parce qu'elle ne voulait pas encombrer les autres avec ses problèmes personnels.
C'était une chose qu'Adalbert appréciait bien souvent, on peut le dire, car comme il n'était pas le meilleur confident du monde et qu'il avait du mal à comprendre et à conseillern, il aimait bien qu'on ne s'épanche pas auprès de lui, tout comme il ne s'épanchait pas auprès des autres... Mais là, de toute évidence, Elizabeth devait en avoir gros sur le coeur. Parce qu'elle était incapable de dissimuler ses émotions. Donc oui, quand elle disait que ce n'était rien... Il savait que ça devait être tout l'inverse. Sans quoi elle ne prendrait pas la peine de dire que ce n'était rien, justement.
Et c'était évident, en effet, parce que ça ne pouvait être rien si, dans le même temps, c'était effectivement compliqué. Que se passait-il précisément ? Va savoir. Elle mettait la situation sur le compte du stress d'avant-mariage. C'était très probable... Adalbert n'en savait rien. Il ne s'était jamais marié, et selon toute vraisemblance, il ne se marierait jamais. Alors oui, ça pouvait être le cas, même s'il ne pouvait pas du tout se mettre à la place de son interlocutrice... Tout ce qu'il voyait, lui, c'est que ça lui pesait sur la conscience, et il n'aimait pas du tout ça.
-Je n'aime pas te voir comme ça... Il marqua une légère pause. Tu sais ce que je pense d'Ethan... Autant être honnête, il ne l'aimait pas du tout, ils n'avaient vraiment aucun atome crochu, et Adalbert n'avait jamais vraiment compris pourquoi son amie perdait son temps avec lui. Mais si je peux faire quelque chose...
Elizabeth esquissa un fin sourire, qui n'avait rien de vraiment heureux. La jeune femme n'avait aucune envie de se donner en spectacle, elle n'avait pas envie d'attirer l'attention sur elle et sur ses problèmes, mais elle était incapable de faire comme si de rien n'était. Elle n'y pouvait rien. C'était égoïste, avec ce qui se passait tout autour, et elle en avait bien sûr conscience, mais c'était comme ça.
Elle n'arrivait qu'à penser au mariage, et à la crainte qu'elle ressentait à l'idée de perdre l'homme qu'elle aimait. C'était si loin de ce qui concernait et intéressait Adalbert, elle le savait bien ! Pourtant, il faisait quand même l'effort de l'écouter, et se présentait comme un ami vraiment digne de ce nom.
Il n'aimait pas la voir comme ça... et elle non plus n'avait pas envie qu'il la voie comme ça, mais c'était trop tard. Elle ne savait pas cacher, et elle savait à peine quoi répondre, en fait, du coup.
Tu sais ce que je pense d'Ethan...
Elizabeth préféra ne faire aucun commentaire sur le sujet. Oui oui, elle savait parfaitement ce qu'Adalbert pensait d'Ethan. Il faut dire que ce dernier n'avait jamais caché l'animosité qu'il ressentait pour son fiancé, et qui remontait à l'époque d'Ilvermorny. Elle ne le lui reprochait pas vraiment. Elle connaissait leurs caractères respectifs, elle savait pourquoi ils auraient bien du mal à ne pas avoir d'atomes crochus. Mais là, elle estimait que cela allait au-delà de ce qu'on pouvait penser ou non d'Ethan Bryce... C'était une affaire de pression, de sentiments contradictoires, pas de caractère.
Alors oui, elle savait, mais elle n'allait faire aucun commentaire là-dessus, tout comme Adalbert ne prenait pas la peine d'entrer davantage dans les détails. Tant mieux, c'était une excellente chose, véritablement.
De toute façon, ce n'était pas pour casser du sucre sur le dos d'Ethan qu'il prononçait ces mots, il avait d'autres choses à l'esprit.
Mais si je peux faire quelque chose...
Elizabeth esquissa un fin sourire. Elle appréciait les efforts dont il faisait preuve, mais en l'occurrence, il n'y avait malheureusement pas grand-chose à faire.
"Ne t'en fais pas. A moins que tu veuilles t'arracher les cheveux sur ce fichu plan de table avec moi, il n'y a pas grand-chose à faire." Elle marqua une légère pause. "Je ferais mieux d'y aller, d'ailleurs, j'ai encore un million de choses à faire." Elle étreignit brièvement Adalbert. "Merci... de m'avoir écoutée."
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Jeu 3 Jan - 11:10
