La jalousie est un monstre qui s'engendre lui-même [pv Violetta]

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on mais quelle idiote ! Elle n'en revenait pas d'être à ce point distraite ! C'était le stress, ça. Chaque fois qu'elle se sentait trop anxieuse, ça ne loupait pas, elle faisait une connerie. Une connerie plus ou moins grave, une maladresse plutôt, mais une connerie tout de même. Et stressée, Perpetua l'avait clairement été clairement. Elle avait eu rendez-vous avec un mécène potentiel qui devait l'aider à financer ses dernières recherches et ses dernières inventions... Elle avait vraiment besoin de ce soutien. Certes, elle avait de l'argent de côté grâce aux ventes du lunascope, mais elle savait que si elle n'apprenait pas à mettre de côté et à faire financer ses projets, sa carrière serait soumise à un échec imminent. Alors elle avait préparé son argumentaire, elle s'était répété ce même argumentaire de toutes les manières possibles et imaginables, mais elle n'en avait pas moins été angoissée en diable. D'autant que sa dernière pleine lune était encore récente et avait laissé quelques séquelles sur elles. Elle avait l'impression que sa condition se voyait sur elle comme le nez au milieu de la figure. Elle ne réussissait pas à avoir les idées claires là-dessus.

Elle avait au moins réussi à ne pas oublier de respirer au cours de cette satanée rencontre, mais ce n'était tout de même pas la panacée, loin de là. La jeune femme avait été nerveuse, et ça s'était vu... mais elle pensait avoir su à peu près défendre son projet. Son interlocuteur lui avait affirmé qu'il la recontacterait. C'est ce qu'ils disaient tous, certes, mais elle avait quand même envie d'y croire, pour le coup... Elle verrait bien. Elle avait donc quitté le café où ils s'étaient donné rendez-vous, au moins soulagée d'en avoir fini et de ne pas s'être totalement humiliée... le tout pour se rendre compte après avoir marché quelques mètres qu'elle avait oublié sa baguette sur place ! Non mais quelle idiote, vraiment ! En plus, sa baguette était toute neuve ! Elle l'avait achetée à Johannes il y a quelques jours seulement... Ce serait catastrophique si elle ne la retrouvait pas.

Elle se précipita donc en direction du café. A la table qu'elle avait quittée précédemment, sa baguette ne se trouvait pas. Elle sentait l'anxiété lui nouer l'estomac... Elle se dirigea vers le comptoir et intepela un serveur.

-Est-ce que vous avez trouvé une baguette ? Je l'ai oubliée tout à l'heure... Merlin, j'oublierai ma propre tête si elle n'était pas attachée à mon cou, sourit-elle, pour essayer de se détendre un peu.

Elle ne réalisa pas la présence de Violetta, assise à quelques mètres d'elle seulement.

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erpetua manque sursauter en entendant une voix féminine juste à côté d'elle s'adresser à elle. Elle se pensa soulagée de retrouver sa baguette pour commencer, mais en fait, ce n'était pas tout à fait ça, car elle n'avait pas atterri entre les mains de n'importe qui. Elle tourna son regard sur la concernée pour reconnaître Violetta Beauvais, fabricante de baguettes de son état, mais surtout ancienne apprentie de Johannes - et son ex par-dessus le marché (un détail qui avait son importance).

Elles n'avaient eu que peu d'occasions de se croiser. Mais à chaque fois, l'animosité avait été de mise. La raison de cette animosité n'avait jamais été exprimée clairement, mais elle était plus qu'évidente : il était question de Johannes. Parce que Violetta devait s'imaginer que Perpetua avait pu vouloir la remplacer dans le coeur de son ex (ce qui n'était pas du tout le cas... et qui était sans doute impossible au passage), et parce que de son côté, Perpetua en avait entendu des vertes et des pas mûres au sujet de cette femme de la part de son ancien patron. Rien qui ne doive lui inspirer la confiance. Et elle était portée à croire que Johannes n'exagérait rien. La réputation de Violetta Beauvais parlait pour elle, après tout... Tout le monde savait que son commerce n'était pas complètement... clean.

Bref, elle était la dernière (enfin, pas forcément la dernière, mais elle était en bonne position) personne à qui elle avait envie de parler maintenant, alors qu'elle n'était pas encore redescendue de ce moment de stress manifeste, elle qui était déjà naturellement nerveuse... et elle n'avait pas davantage envie de savoir sa baguette entre ses mains, mais elle prit sur elle. Perpetua pouvait vraiment être une battante, et c'était tempérament qu'elle se découvrait depuis qu'elle avait été conviée à rejoindre l'ordre. Mais elle avait tout de même toujours préféré la diplomatie au conflit, et elle comptait bien, donc, faire en sorte que le ton ne monte pas plus que nécessaire.

-Johannes fait toujours un excellent travail, vous êtes la mieux placée pour le savoir je crois. Bon, ce n'était pas le plus intelligent à dire, mais Perpetua ressentait le besoin de "défendre" Johannes, même si ce dernier n'avait certainement pas besoin d'aide pour cela, bien au contraire. Est-ce que vous voulez bien me la rendre, s'il vous plaît. Je suis un peu pressée...

Elle ne savait pas si elle se montrait impolie ou pas, elle était nerveuse, c'était un état récurrent chez elle, et elle se sentirait déjà un peu mieux si elle pouvait avoir sa baguette sur elle. Sans elle, elle se sentait particulièrement... fragile, vulnérable, sentiment que ressentaient sans doute beaucoup de sorciers, même les plus aguerris.

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erpetua était de plus en plus mal à l'aise. Cette femme ne l'aimait pas, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, et elle sentait bien qu'il n'y ait pas grand-chose qu'elle puisse dire ou faire pour apaiser les tensions ou se faire apprécier d'elle. Quand l'animosité reposait sur un sentiment beaucoup trop irrationnel, il était difficile de faire l'impasse. Perpetua se voyait mal blâmer son interlocutrice à ce sujet, d'ailleurs, car elle était, par certains aspects, pareille. Elle le constatait dans sa relation avec Nina. Cette dernière, en soi, ne lui avait jamais fait de mal, mais elle était jalouse malgré elle, craignait que Nicolas la préfère à elle, ce qui serait logique, puisqu'aux yeux de Perpetua, la plupart des gens valaient de toute façon mieux qu'elle.

Alors non, Perpetua n'en voulait pas vraiment à Violetta, mais ça ne l'empêchait pas de trouver toute cette situation particulièrement inconfortable, et ce par de nombreux aspects... Elle n'aimait pas ne pas être aimée... qui aimait ça en même temps ? Et elle fuyait le conflit autant que faire ce pouvait. Là, elle s'y retrouvait violemment confrontée, sans rien pouvoir y faire du tout, c'était insupportable... Et elle sentait qu'à part serrer les dents et attendre que ça passe, il n'y avait définitivement pas grand-chose qu'elle puisse faire.

-Je ne crois pas que mon emploi du temps vous concerne, répondit-elle mal à l'aise.

En vérité, elle n'avait rien de si urgent à faire, mais le besoin de se retrouver seule avec elle-même devenait tout de même sacrément impérieux en cet instant. Elle avait juste envie de rentrer chez elle, de s'affaler sur son lit et d'essayer de se défaire de toutes les tensions qu'elle avait emmagasinées et qui devenaient de plus en plus invivables. Mais bien sûr, tant que Violetta gardait sa baguette en otage, c'était impossible.

-Ecoutez, reprit Perpetua en tentant - difficilement - de se montrer diplomate, bien loin de vouloir mettre le feu aux poudres. Je sais que vous ne m'appréciez pas, mais quel que soit votre problème avec moi, je crois que je ne suis pas vraiment celle qui vous concerne. Elle ferait peut-être mieux de se taire, mais elle ne se voyait pas faire autrement que de mettre les choses à plat. Si ça pouvait aider au moins un peu... Ou pas ? Vous devriez régler vos problèmes avec Johannes plutôt que de vous défouler sur moi.

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ioletta n'avait pas tort, Perpetua ne pouvait clairement pas prétendre tout savoir de la relation que son interlocutrice avait eu ou avait encore (car quand bien même ils n'étaient plus ensemble, il était tout de même évident qu'il y avait toujours quelque chose, rien d'autre ne justifiait une telle réaction de la part de la fabricante de baguette, ou même de la part de son ancien patron, qui était toujours d'une véhémence terrible quand il était question de son ancienne fiancée).

Mais elle pensait en savoir suffisamment pour d'une être absolument certaine du fait qu'elle n'avait absolument rien à voir là-dedans et préférerait, tant qu'à faire, ne pas être prise entre deux feux, de deux, être tout aussi sûre qu'ils devraient vraiment avoir une longue conversation tous les deux et mettre certaines choses à plat parce que, clairement, ils avaient commis l'erreur de taire certaines choses, et ça leur avait fait définitivement plus de mal que de bien.

Elle, elle était extérieure, et pourtant, la souffrance de ce couple des occasions manquées était tellement palpable que Perpetua était capable de la ressentir sans l'ombre d'une hésitation. Elle tombait comme un cheveu au milieu de la soupe, soit, mais elle estimait avoir son mot à dire. Elle avait son mot à dire au sens où on la prenait à parti, et on prenait sa baguette en otage par la même occasion. A partir de là, elle s'estimait plus que légitime à venir y mettre son grain de sel, même si ce n'était vraiment pas dans sa nature de se mêler de ce qui ne la regardait pas. Même, c'était tout l'inverse. Elle était d'un naturel discret. Elle détestait le drame et le conflit, alors c'était un peu la pire situation pour elle.

- Mais c'est vous qui m'impliquez. Vous refusez de me rendre ma baguette, vous me reprochez d'avoir été l'apprenti de Johannes... Je n'ai rien contre vous, moi. Pour l'instant en tout cas. Elle marqua une légère pause. Je vous le dis comme un conseil. Vous êtes en train de vous détruire stupidement alors que vous vous aimez encore.

Elle l'avait dit, et là encore, c'était tout sauf ses oignons. Mais en attendant, c'était la plus pure et stricte vérité. Oui, ils s'aimaient encore. Quand on disait que de la haine à l'amour il n'y avait qu'un pas, ils en avaient la plus parfaite illustration sous leur nez. S'il y avait tant de rancoeur entre eux, ce n'était pas pour rien : c'était qu'il y avait plus d'amour encore.

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ur ce point, au moins, Violetta et Perpetua pensaient effectivement la même chose, la jeune inventrice ferait mieux de se la fermer, tout simplement. Elle ne savait même pas pourquoi elle insistait, alors qu'il était plus qu'évident que ça ne pouvait que lui retomber sur le coin de la figure. Violetta Beauvais n'avait aucune envie d'entendre ses conseils, elle n'avait aucune envie de lui être agréable, alors le plus simple était sûrement de serrer les dents et d'attendre que ça passe. En théorie, ce n'était pas un souci du tout, dans les faits, c'était tout de suite plus compliqué, en revanche. Parce que Violetta avait toujours sa baguette entre les mains, et Perpetua n'était définitivement pas de nature à aller l'arracher des mains de la fabricante. C'était pour ça, aussi, qu'elle cherchait à arrondir les angles, mais à quoi bon ?

C'était acté, aux yeux de son interlocutrice, elle était une ennemie, voire une rivale. C'était assez absurde aux yeux de Perpetua, qui serait bien incapable d'envisager quoi que ce soit de romantique avec Johannes et ne l'avait même jamais observé ne serait-ce qu'une fraction de seconde sous cet oeil-là, jamais. De toute manière, Perpetua n'envisageait personne romantiquement, c'était beaucoup trop dangereux. Enfin, presque personne... Mais elle tentait toujours de chasser cette pensée quand elle lui venait au sujet de Jamie. Elle savait pertinemment que ça ne pourrait que lui faire du mal, pas à elle mais à lui. Ah, l'amour... un sac de noeuds... Visiblement, il vous rendait malheureux au moment de l'éprouver et au moment d'y renoncer...

-Oh si, il m'a déjà parlé de vous.

Au sens où il était déjà arrivé à Johannes de marmonner dans sa barbe au sujet de son ex-fiancée. Et aussi, il lui avait appris son histoire, mais sans entrer dans les détails, assez quand même pour qu'elle lise toute l'amertume que lui inspirer cette histoire. Et c'était toujours le cas au sujet de Violetta : il y avait du ressentiment, de l'amertume, de la colère rentrée (ou non), et ce n'était pas un comportement que l'on adoptait quand on avait tourné la page ou quand on avait passé l'éponge sur une relation sentimentale si puissante.

-On dit que le contraire de l'amour, c'est l'indifférence, pas la haine. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que quand il s'agit de vous, il est tout sauf indifférent.

Elle ne devrait pas en rajouter, mais en même temps, elle sentait bien que Violetta lui posait tacitement la question. Elle voulait avoir des preuves, elle voulait entendre que Johannes l'aimait encore (de toute évidence, elle non plus n'était pas indifférente). Et elle, elle voulait juste partir de là.

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ranchement, la question se posait très clairement, Perpetua elle-même ne saurait pas trop dire pourquoi elle s'embêtait à ce point à se mêler de ces histoires qui ne la regardaient absolument pas du tout alors qu'il était plus ou moins certain que la jeune femme n'allait pas écouter ce qu'elle lui disait ou vraiment en tenir compte. Déjà quand elle travaillait encore pour Johannes et que ce dernier se mettait à ruminer dans sa barbe au sujet de Violetta, Perpetua faisait de son mieux pour rester en dehors le plus possible et ne surtout pas intervenir, sous aucun prétexte, en attendant que ça se tasse, convaincue que ses conseils n'auraient pas d'intérêt et qu'il serait incapable d'admettre qu'il ne cracherait pas autant de venin au sujet de son ex-fiancée s'il n'avait vraiment plus aucun sentiment pour cette dernière.

Donc non, elle ne savait pas pourquoi elle lui disait ça. Sans doute pour lui faire comprendre de toutes les manières possibles que sa jalousie était infondée, que Johannes ne s'était jamais intéressé à elle ni elle à Johannes et qu'elle n'était donc définitivement pas une rivale ? Ou bien pour lui faire comprendre qu'elle perdait son temps et que cette rétention de baguette commençait à frôler le ridicule ? Oui, c'était l'idée.

-Parce que s'il n'était pas question de Johannes, vous n'en auriez rien à faire de moi et vous m'auriez déjà rendu ma baguette, osa-t-elle articuler avec autant de fermeté qu'elle le pouvait.

Ce qui était un plutôt bon résumé, selon elle, de ce qui traversait bel et bien sa pensée, quand bien même elle n'était pas franchement du genre à se montrer à ce point sévère dans son discours ou surtout... sûre d'elle de manière générale. Sa superbe était d'ailleurs déjà en train de fondre comme neige au soleil. C'est que même si Perpetua estimait ridicules les raisons pour lesquelles elle décidait de s'en prendre à elle, elle était quand même sacrément intimidée par cette femme. Blessée encore par une histoire qui s'était très mal terminée, mais grande sorcière également, intelligente, l'une des plus brillantes créatrices de baguettes de sa génération...

Perpetua aurait aimé pouvoir échanger avec elle en toute amitié, ou avec respect du moins de leurs créations respectives, mais en lieu et cela elles se prenaient inutilement la tête... pour un homme, qui plus est. Un homme que Violetta avait quitté, un homme dont Perpetua n'avait jamais voulu. Quelque part, c'était très franchement du gâchis. Mais en même temps, elles pourraient difficilement faire machine arrière. Et elles étaient toutes les deux humaines. Normal qu'elles soient affectées par tout ça.

-Vous en faites ce que vous voulez, je me contente de dire la vérité, ce que je pense.

Et maintenant, elle voudrait vraiment récupérer sa baguette.

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