Les bons comptes font les bons amis.

Ce n’était jamais ce que Jamie aimait faire, mais par moment c’était nécessaire et il n’avait pas le choix. Le demi-elfe ne courrait pas sur l’or et pour financer ses actions, il n’avait quand même pas énormément de solution. Alors, quand il avait un bienfaiteur qui pouvait par moment lui donner la possibilité de s’en sortir un peu financièrement pour avancer dans sa cause, il ne pouvait pas se permettre de refuser cette aide. Même si c’était quand même toujours délicat pour lui.

Nicolas Flamel était l’une de ces personnes qui appréciait sa cause et qui prenait la peine de l’aider financièrement. Le demi-elfe ne demanderait jamais au grand alchimiste de prendre la peine de venir se battre à ses côtés lors de ses actions, même si ce dernier en tant que membre de l’Ordre avait quand même bien l’intention de se battre contre Grindelwald (mais ce n’était quand même pas comparable), mais le simple fait d’avoir son soutien était quelque chose de vraiment important pour Jamie. Il savait l’homme proche de Perpetua, ce qui était un plus en prime. Dans tous les cas, Jamie avait énormément de respect pour cet homme, et ça le gênait un peu de devoir lui réclamer de l’argent comme il avait l’intention de le faire aujourd’hui, même s’il décidait quand même d’y mettre les formes.

Le jeune homme avait invité Nicolas à venir prendre le thé, le café, le gouté (peut importait ce que le français aurait envie de boire, il était un peu perdu entre les habitudes des américains, des anglais et des français ou encore de toutes les autres nationalités qu’il avait la possibilité de croiser au sein de l’ordre), afin qu’ils puissent discuter de tout cela. Il n’avait pas envie de faire venir le sujet de l’argent sur la table tout de suite, même si forcément l’idée était quand même là et que c’était pour cette raison que Jamie l’avait invité. Il avait tout préparé avant la venue de Nicolas Flamel, il y aurait de quoi boire quoi que l’homme aurait envie de boire, il y avait aussi de quoi manger, tout ce qu’il fallait pour passer un bon moment en compagnie d’une personne qu’on appréciait. Et maintenant, le demi-elfe attendait tout simplement la venue de l’homme, légèrement anxieux. Quand on frappa à la porte, son cœur manqua même un battement d’ailleurs.

« Bonjours Nicolas, je suis heureux de vous revoir. Entrez, je vous en prie. » Dit-il en ouvrant la porte et en s’écartant dans le but de laisser le sorcier entrer à loisir dans son modeste appartement. « Comment allez-vous ? » Demanda-t-il, ne laissant même pas la peine à Nicolas de répondre avant de reprendre. « Installez-vous, faites comme chez vous. »

Clairement, le jeune homme appréciait la présence de ce sorcier, il appréciait sa compagnie et son aide bien évidemment et il n’avait aucune envie que le… vieil ( ? ) homme puisse s’imaginer qu’il n’en avait qu’après son argent. Ce n’était pas le cas, même si son aide financière était forcément bien importante pour lui.

Jamie ne pouvait pas s’empêcher de craindre ne pas être capable de recevoir correctement Nicolas. Il tenait à le recevoir dignement, en partie parce qu’il tenait à lui bien évidement et qu’il le considérait comme un ami sincère, mais aussi parce qu’il avait conscience qu’il lui devait énormément. À choisir, bien sûr, Jamie aimerait bien pouvoir s’en sortir sans avoir besoin de demander de l’argent à qui que ce soit, mais par moment il fallait bien avoir un peu de soutien financier pour parvenir à ses fins. Par chance, il pouvait compter sur la générosité de Nicolas, raison pour laquelle il tenait vraiment à le recevoir dignement, comme un hôte de marque (puisque c’en était un).

Nicolas le salua donc, et pendant ce temps Jamie l’invita à entrer chez lui et s’installer. Surtout si en prime, son arthrose faisait des siennes, à force de devoir se retrouver à faire des allers-retours. Jamie trouvait Nicolas plutôt en forme. Il fallait dire que le demi-elfe avait toujours connu l’alchimiste avec ce corps de… personne qui avait quand même vécu plusieurs siècles. Jamie aurait pu répondre quelque chose à la remarque de son ami, mais l’homme enchaina rapidement en lui retournant la question, savoir s’il allait bien, et commençant déjà à aborder le sujet de son groupe et de ses actions. Il n’était pas utile de différencier Jamie de ses actions militantismes en effet, parce que Jamie vivait pour cela, entièrement.

« Je me porte bien. » Répondit-il pour commencer, parce que physiquement, moralement, Jamie allait plutôt bien. Il avait connu bien pire dans sa vie. « Ça se passe plutôt bien. » Reprit-il, pour enchainer sur le groupe plus précisément. En soit, ça se passait en effet plutôt bien, mais justement le plutôt était important. Il y avait toujours la possibilité d’améliorer grandement les choses et tout sera parfait quand le demi-elfe aura vraiment le sentiment que sa voix était entendue, pour une fois, et qu’ils pouvaient envisager d’avoir les mêmes droits que tout le monde. « On est en train de préparer un gros coup. » Ajouta-t-il, parce qu’autant entrer directement dans les grandes explications. De toute façon, Nicolas lui demandait quelle était leur prochaine initiative, il allait dire franchement les choses. « On est en train d’organiser la plus grande manifestation qu’on a encore jamais faite. Ça demande beaucoup d’organisation, de temps aussi, pour que tous nos adhérant tout rejoigne des quatre coins du pays. » Du temps et de l’argent bien évidemment. « Sans compter le fait que je dois trouver et engager des personnes pour notre protection, pour essayer que tout cela se passe avec le moins de… déconvenue possible. »

À choisir, Jamie avait envie d’éviter le plus possible les blessés et il savait bien que ce n’était pas quelque chose d’évident. Encore une fois ça demandait du temps et pas seulement du temps.

Jamie ne pouvait pas nier qu’il comptait énormément sur la générosité de Nicolas Flamel, mais en même temps il se sentait toujours gêné de devoir réclamer de l’aide. Par moment, il avait le sentiment désagréable de trop dépendre des autres pour parvenir à ses fins, mais en même temps… eh bien, il ne pouvait pas y arriver seul. Même s’il avait par moment envie de porter toute la cause sur ses petites épaules, il ne pouvait pas le faire.

Nicolas résuma parfaitement bien les propos du demi-elfe, pour l’événement qu’il avait l’intention de mettre en place, il fallait compter sur des moyens en conséquence. Que ça soit un moyen humain et par conséquence aussi, un moyen financier. Sans argent, Jamie ne pouvait pas envisager de réussir à monter un tel événement. Il fallait faire venir le plus de personne possible, donc envisager un hébergement pour tout le monde. Mais il fallait aussi faire en sorte que ce moment se passe bien, potentiellement en engageant des personnes capables de les défendre ? Dans tous les cas, il fallait de l’argent donc.

« Eh bien… une certaine somme. » Répondit-il, un peu mal à l’aise quand Nicolas lui demanda de combien aurait-il besoin. Il ne pensait pas lui avoir déjà demandé autant d’argent, et il devait bien avouer qu’il se sentait très mal à l’aise à le faire. Pourtant, il savait que son interlocuteur le faisait de bonne grâce, mais il n’avait aucune envie de passer pour une personne qui soudoyait l’alchimiste, qui ne se tournait vers lui que quand il avait besoin d’argent. Même si pour ce dernier point, c’était quand même peut-être un peu le cas. « Je pense pouvoir atteindre une centaine de personne, peut-être cent cinquante. » Ça pouvait ne pas sembler beaucoup, mais clairement pour leur cause ça l’était pourtant. Parce qu’ils n’étaient pas si nombreux que ça les personnes qui avaient envie de soutenir les non sorciers. Et même ceux qui les soutenaient ne prenaient pas toujours la peine de se rendre à de telles manifestations, parce que ça risquait bien souvent de mal tourner. Jamie ne pouvait pas leur en vouloir, ça tournait effectivement souvent mal. « Dans l’idée, j’aimerais que nous nous retrouvions tous très tôt le matin, pour nous rassembler ensuite devant les locaux du MACUSA, avant l’arrivée des employés. » Jamie marqua une pause. « Si on arrive à bloquer les employés à l’entrée, nous pourrons faire entendre plus facilement notre voix. »

Même si cela allait très clairement leur attirer des ennuis, mais il fallait ce qu’il fallait pour arriver à leur fin.