Dans la sécheresse on découvre les bonnes sources ; dans la détresse, les bons amis. [pv Jamie :33]

Messages : 278 Date d'inscription : 29/12/2018

Dans la sécheresse on découvre les bonnes sources ; dans la détresse, les bons amis.

A

dalbert n'avait pas beaucoup d'amis, et ce n'était pas difficile à comprendre. Il n'était clairement pas facile d'accès. Les quelques personnes qui avaient daigné l'approcher avaient bien souvent très vite renoncé à mieux le connaître, parce qu'Adalbert oubliait clairement de faire en retour l'effort d'aller vers eux. On pourrait dire qu'il était égocentrique, au sens où il ne se focalisait jamais que sur ses recherches, et que ces recherches faisaient partie de lui, comme si elles étaient une part de lui-même. A partir de là, comment pouvait-on reprocher à ceux qui avaient voulu faire un minimum d'efforts de finalement renoncer ? Il y avait clairement de quoi se désespérer. Il semblait presque incapable d'entretenir une conversation cordiale, une conversation, normale, on en revenait toujours à son travail, à sa lubie du moments, à ses chimères de toujours. En somme, les seuls amis qui lui restaient étaient non seulement d'une patience proverbiale mais étaient également capables de tenir une conversation avec lui sans se lasser de graviter sans cesse autour des mêmes sujets, certes évoqués avec passion et profondeur, mais toujours les mêmes malgré tout.

Pourtant, oui, des amis il en avait tout de même. Et Adalbert voulait considérer que Jamie en faisait partie. Certes, ils se connaissaient depuis peu de temps, ce qui justifiait le fait qu'il ne se soit pas encore lassé de leurs discussions, sans doute, mais le courant passait bien entre eux. Jamie était un homme intéressant, aux opinions tranchées sur le monde, qui pour beaucoup rejoignaient celles du théoricien de la magie. Très vite, Adalbert s'était donc ressenti des affinités avec le jeune homme, qu'il avait rencontré lors d'une réunion de l'Ordre. Leurs discussions tournaient souvent autour de leur objectif commun, mais pas toujours.

En l'occurrence, si Adalbert avait proposé à Jamie de se retrouver autour d'un café, c'est parce qu'il lui avait confié plusieurs pages de son dernier manuscrit. Ce passage traitait en particulier des manifestations de la magie chez les non-sorciers. Le cas des demi-elfes était évoqué, et Adalbert ne voulait pas commettre d'impairs inutiles. Il était capable d'admettre que Jamie était le mieux placé pour parler de sa propre situation, et donc, il voulait connaître son point de vue. Il lui avait suggéré d'anoter le manuscrit à sa guise, selon ce qui lui semblait important ou non. Et à présent, il était curieux de connaître son opinion globale, raison pour laquelle il n'oublia pas de rentrer dans le vif du sujet sitôt qu'ils furent rentrés dans le café qui devait les accueillir le temps de leur discussion.

-Alors, qu'est-ce que tu en as pensé ? demanda-t-il, incapable d'attendre que la conversation dévie naturellement sur le sujet qui l'intéressait comme d'autres auraient la délicatesse de le faire.

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Messages : 48 Date d'inscription : 24/08/2020 Age du joueur : 35

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Jamie n’avait jamais vraiment eu de soucis à faire des rencontres, à sympathiser avec les autres. Le plus souvent, quand il avait des problèmes avec les autres, c’était bien souvent parce que les autres avaient des soucis avec lui et sa condition. Mais Jamie appréciait donc de faire de nouvelle rencontre et de rencontrer des personnes qui ne manquaient pas de curiosité. C’était clairement le cas de Adalbert. Ils ne se connaissaient pas depuis bien longtemps, mais cette rencontre lui avait d’ores et déjà été particulièrement agréable. Et Adalbert qui travaillait sur la nature de la magie, désirant parler de la magie qui se manifestait chez les non-sorciers – comme lui donc et sa condition de demi-elfe –, avait demandé à ce qu’il lise une partie de son travail traitant des personnes comme lui afin de s’assurer qu’il ne faisait pas d’impair dans ce qu’il disait. Forcément, la demande de l’homme avait plu à Jamie, qui n’avait pas manqué de faire ce que lui demandait l’homme, lire son manuscrit et annoter certains passages.

Au vu de la situation, Jamie considérait en effet qu’il était quand même le mieux placé pour aiguillier son nouvel ami et il n’avait pas l’intention de se retenir, bien au contraire. Dès qu’il pouvait apporter son aide, il le faisait, surtout si ça pouvait permettre au monde des sorciers de changer un peu sa vision des personnes dans sa condition, des personnes différentes d’eux, puisque ces derniers avaient quand même un peu trop tendance à être fermés dans leurs positions. Quand ils arrivèrent dans le café, sans grande surprise, Adalbert n’attendit pas longtemps avant d’entrer dans le vif du sujet. Ce qui convenait très bien à Jamie, il devait bien avouer qu’il avait vraiment hâte d’aborder le sujet.

« Franchement, j’ai trouvé ça vraiment très intéressant. » Il n’avait vu qu’une partie du travail de l’homme, celle qui concernait précisément le domaine qu’il maitrisait. Cependant, cela ne parlait pas que des demi-elfes, et Jamie avait trouvé ça particulièrement intéressant. Il prit la peine de sortir les quelques pages que son ami lui avait confié de son sac, et les posa sur la table. « Je me suis permis, comme tu me l’as demandé, de te faire quelques annotations. Mais je n’ai pas eu beaucoup de remarque à te faire, c’était vraiment bien tourné. » Jamie afficha un sourire. « Honnêtement, je suis heureux de lire ce genre de chose et qu’on ne se contente pas juste d’éluder l’existence de la magie chez les non sorciers… pour une fois que quelqu’un s’y intéresse. »

La dernière remarque de Jamie fut accompagnée d’un soupire agacer. Rien à l’encontre de son interlocuteur, c’était bien plus contre la société d’une manière générale. Quand bien même le demi-elfe espérait bien voir le monde changer, il faisait tout dans le but de pouvoir voire la vision des sorciers changer et les voir enfin accepter les différences. Et pas seulement envers les demis-elfes, les différences envers toutes les personnes qui n’étaient pas parfaitement des sorciers comme « il le fallait ».

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Messages : 278 Date d'inscription : 29/12/2018

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A

dalbert comptait sur la franchise et l'entière transparence de son ami. Il n'était pas le dernier à mal vivre la critique, il pourrait difficilement prétendre le contraire, mais il estimait tout de même que si elle était constructive, et si elle lui venait d'une personne dont l'opinion comptait pour lui, alors il pouvait faire l'effort de mettre sa fierté de côté pour entendre les éventuelles critiques, du moment qu'elles se révélaient constructives.

En l'occurrence, ce n'est pas comme si Adalbert pouvait prétendre se trouver ailleurs qu'en terrain inconnu, l'expertise de Jamie ne pourrait que lui être profitable pour passer du théorique au concret, même si évoquer son expérience personnelle vous faisait immanquablement explorer le champ de vos propres émotions, ce qui par moments était susceptible de vous biaiser, il est vrai. Curieux, Adalbert attendait de savoir, espérant à la fois que Jamie se montrerait sincère et qu'il ne démonterait pas son travail de bout en bout. Histoire d'ego, de progrès et d'échanges, il l'espérait, constructifs. Mais la première approche de Jamie était rassurante, lui affirmant qu'il avait vraiment trouvé le contenu de son texte intéressant. Bien sûr, il pouvait seulement chercher à le caresser dans le sens du poil, mais ce ne semblait pas être le genre du demi-elfe. Et puis, il ne lui devait rien.

Adalbert récupéra son texte et en profita pour jeter un oeil aux quelques notes que le demi-elfe avait laissées en marge. Il les observa avec la plus grande attention. Nombre d'entre elles, même si en effet, elles étaient éparses, étaient particulièrement efficaces. Il y avait des points qu'Adalbert n'avait effectivement pas adoptées, ou des inexactitudes qu'il découvrait et qu'il aurait été honteux de publier en l'état. Autant dire que ce n'avait pas été du luxe que d'attendre sa relecture. Que ce soit bien tourné était tant mieux, ce n'était ceci dit pas pour la forme mais davantage pour le fond qu'Adalbert s'inquiétait. En ce qui concernait la forme... sans avoir une plume impeccable, il estimait avoir suffisamment roulé sa bosse pour avoir trouvé son style, même s'il n'avait rien de transcender. Ce n'est certainement pas aujourd'hui, ni même demain, que l'on qualifierait ses qualités d'écriture.

-Je ne peux malheureusement garantir que ces chapitres suffiront à éveiller la moindre conscience, j'ai conscience que même quand mes ouvrages sont commentés ou étudiés, on évite de s'épancher sur les éléments qui... sortent des sentiers battus. Il esquissa un fin sourire. Enfin, nous verrons bien. Merci pour tes notes, elles vont m'être précieuses. Il marqua une pause. Je pense qu'à terme, je devrais consacrer un ouvrage entier au sujet, cela m'épargnerait de survoler un sujet aussi complexe. Même si je ne suis pas certain que mes éditeurs apprécieraient.

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Messages : 48 Date d'inscription : 24/08/2020 Age du joueur : 35

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Jamie observa Adalbert regarder les différentes notes qu’il avait fait sur son manuscrit. Il y avait effectivement des petites choses à revoir, évidemment, parce que rien ne pouvait être parfait dans un premier jet. Le demi elfe n’avait en aucun cas voulu à son interlocuteur de ne pas être juste sur tout ce qu’il avait affirmé, de ne pas avoir cent pour cent raison. Il comprenait que l’homme avait pu faire quelques erreurs donc, mais il savait aussi que ce dernier allait pouvoir se rattraper, qu’il allait retravailler sur ces divers points. Le simple fait que l’écrivain ait cherché son approbation avant de publier son ouvrage – même s’il ne s’agissait en vérité que d’un chapitre parmi tant d’autre – était la preuve que le sujet lui était important et qu’il avait l’intention de faire les choses correctement. Jamie ne pouvait pas non plus prétendre de son côté avoir la science infuse et tout savoir sur tout… mais forcément cette cause lui tenait tellement à cœur qu’il jugeait que son avis pouvait être important.

Jamie hocha de la tête en entendant son interlocuteur affirmer qu’il ne pouvait pas être sûr que ces chapitres allaient réellement pouvoir éveiller les consciences, parce qu’en soit il était fort possible qu’on occulte cette partie-là. Ah ça, le demi elfe ne serait même pas étonné une seule seconde si ça devait arriver, les sorciers savaient parfaitement fermer les yeux sur ce qu’il n’avait aucune envie de voir. Ils étaient même parfaitement doués à cet exercice. Ils se contentaient de rouvrir les yeux que dans l’idée de pouvoir pointer du doigt quelque chose qui ne leur plaisait pas, qu’il considérait comme anormal, comme… dangereux, afin de pouvoir assouvir encore plus leur pouvoir sur les autres êtres vivants.

« Tu serais vraiment prêt à consacrer tout un ouvrage à ce sujet ? » Jamie ne devrait sans doute pas se montrer à ce point étonné, mais c’était son naturel méfiant qui reprenait le dessus. Il connaissait Adalbert, il savait que l’homme se souciait des personnes comme lui, mais il devait bien reconnaître que le voir écrire quelques chapitres dans son ouvrage était déjà quelque chose d’incroyable, alors tout un livre entier… Ça semblait presque irréel. « Ne me dis pas ça si ce n’est pas un projet que tu souhaites vraiment mettre en œuvre, je prends toujours la cause très au sérieux. » Reprit-il sur un ton léger, affichant un sourire en coin, avant de reprendre rapidement. « Parce que si cela pose problème avec tes éditeurs, ce n’est pas un souci… il y a toujours d’autres solutions, la possibilité de financer les choses d’une autre manière, de publier autrement. »

Après tout, Adalbert Waffling avait-il réellement besoin de son éditeur ? Il pouvait en trouver un autre, éditer lui-même… et si l’argent était le souci, Jamie savait qu’il était possible de le trouver. Le demi elfe s’emballait sans doute de trop, mais c’était toujours ainsi quand il était question de défendre les petits gens qui manquaient de visibilité.

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A

dalbert n'avait jamais vraiment réfléchi à la question avant d'évoquer le sujet avec son interlocuteur, mais dans le fond, il avait bien du mal à voir quel problème il pourrait y avoir à cela en fin de compte : la réponse en était sans doute simple : il ne rencontrerait pas plus de problèmes que ne luii en posaient déjà ses détracteurs pour commencer, et cela faisait un moment que le théoricien de la magie en prenait son parti. Pour lui, ce n'était pas véritablement un problème. Il avait bien des défauts, c'est vrai, mais sortir des sentiers battus et aller à contre-courant des idées générales n'avait jamais été un problème pour lui, en revanche, et bien au contraire, même.

-Et pourquoi pas ? répondit Adalbert avec un sourire entendu quand son interlocuteur lui demanda s'il serait vraiment prêt à consacrer tout un ouvrage à ce sujet. Je te l'ai déjà dit, je n'aime pas rester en surface des choses, alors autant y consacrer un volume - si ce n'est deux. Ou dix, observa-t-il.

Quand Adalbert faisait les choses, il ne les faisait jamais à moitié, c'était un reproche qui lui avait souvent été fait, et sans doute à juste titre, ce n'en était pas moins vrai, en effet. Et il n'allait certainement pas changer son fusil d'épaule sous le prétexte qu'il s'attaquait à un sujet qui était peut-être davantage propice aux controverses. Les gens pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient. Non, il était de plus en plus emballé par l'idée, en réalité. Suffisamment emballé pour décider de la mener à bout.

-Exactement, je pourrais toujours me faire publier autrement, par d'autres biais, et oui, je suis très sérieux. Et si mon éditeur décidait de me renvoyer après ça, au pire, j'en trouverais d'autres, ou je n'en trouverais pas, quelle importance. Je crois que mes années de carrière trop policées sont derrière moi dans tous les cas. Je préfère exprimer clairement mes positions que de satisfaire à une ligne éditoriale qui ne se respecte de toute façon pas si l'on doit tenir compte qu'ils publient des individus tels que Vablatski.

Est-ce qu'il ne finirait pas par regretter son discours ? Peut-être bien. Mais sur le moment, ce n'était pas le cas du tout. Bien au contraire, même, euphorisé par les encouragements de son ami, Adalbert était en réalité très sûr de lui, de même qu'il était certain de ses positions et de ce qu'il avait l'intention de faire. Peut-être bien qu'il le regretterait plus tard, mais il ne pensait pas à plus tard. Ici et maintenant, il était juste ravi de pouvoir véritablement se rendre utile auprès d'individus qui pouvaient en avoir véritablement besoin... et au moins, il aurait l'occasion d'être lu par des personnes vraiment intéressées.

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