Les suspects n° 1 (Albus)

Newt balaya du regard le triste appartement qui lui servirait de résidence dans les temps à venir. Le jeune homme ne manquait pas réellement de moyens, il pourrait sans doute s'offrir mieux que cela, mais ça lui convenait. Il n'avait pas besoin de beaucoup d'espace, de toute manière. La grande majorité de son temps, il la passait dans sa valise, alors ça n'avait pas beaucoup d'importance en réalité.

Et puis, rester dans cet endroit peu engageant, c'était comme une espèce de promesse faite à lui-même, au bout du compte, de ne pas y rester longtemps. Il était bloqué à plus d'un titre, pour l'heure. D'une part parce qu'il se devait retrouvder Dougall à tout prix, d'autre part parce que le MACUSA ne le laisserait certainement pas s'en aller avant un moment. Rien de ce qu'ils avaient envie d'entendre ne pouvait justifier son comportement lors de la soirée du Nouvel An.

Et tant que Gellert Grindelwald n'aurait pas été arrêté, son éventuelle complicité avec le mage noir (ce même si c'était grâce à lui que les citoyens new-yorkais avaient tous pu être oubliettés... ce qui justifiait peut-être qu'on soit un peu plus laxiste envers lui) continuerait d'être questionnée, peu importe ses arguments. Malheureusement, Grindelwald était un homme aussi dangereux que talentueux. Il ne se laisserait certainement pas attraper si facilement.

Il était décidé quoi qu'il en soit à jouer son rôle, et à rester fidèle à lui-même, même si ça n'allait pas être simple. Son expérience de fugitif avait tout de même modifié certaines choses en lui, dont une singulière.

Même s'il appréciait sa solitude, il devait bien admettre que ses trois compagnons d'infortune lui manquait. L'idée que Jacob n'ait plus aucun souvenir d'eux lui serrait le coeur, et sa décision de l'aider anonymement avait été clairement naturelle. Queenie aussi lui manquait, même si c'était plus confortable de ne pas se demander si on était en train de fouiller dans votre esprit.

Et enfin, Tina, surtout, lui manquait. Redevenue Auror, ce qui était plus que mérité, et même si rien ne l'interdisait textuellement, il savait qu'il valait mieux qu'il se tienne à distance. Cette histoire achevée, chacun devait certainement reprendre le cours de sa vie. Et il y était donc résigné.

Il finissait de ranger ses maigres affaires quand on frappa à la porte. Il alla ouvrir.

"Professeur Dumbledore ?"

« Bonjour Newt. Comment vas-tu ? »

La question se posait en effet. Et au bout du compte, Newt n'était pas sûr de la réponse qu'il convenait de donner. Sans compter qu'il estimait que son ancien professeur n'avait pas besoin d'entendre sa réponse pour la connaître - comme ça avait été le cas par le passé, et à de nombreuses reprises.

La question était délicate. La situation, par certains aspects, s'était améliorée, c'est un fait.. et pourtant, Newt avait l'impression que tout avait empiré, et il se demandait s'il ne vaudrait pas mieux qu'il soit encore en cavale. Il se repassait assez souvent le film des événements, songeait à ce qu'il aurait dû, pu faire, ne pas faire, ce à côté de quoi il était passé, les occasions manquées. Et puis, il y avait le résultat, alarmant.

En fait, non, ce n'est pas qu'il ne savait pas... C'est qu'il n'allait pas bien. Mais l'exprimer comme tel était un violent aveu d'échec et s'il était bien une occasion au cours de laquelle il ne devait pas céder au défaitisme, c'était celle-ci. Ce ne pouvait qu'être hors de question.

"J'ai connu mieux", répondit-il, ce qui ressemblait au meilleur compromis possible.

C'était la réalité. Il avait connu mieux, nettement mieux. Et il était un peu égaré, aussi. Il avait conscience de ce qu'il pouvait faire concrètement, à savoir retrouver enfin ses créatures manquantes et faire profil bas le temps d'être autorisé à revenir en Angleterre. Il avait conscience aussi du fait qu'il avait peine à se tenir à l'écart des événements après les avoir observés d'aussi près.

Mais pour le moment, il ne pouvait rien faire du tout quoi qu'il en soit, et c'était réellement frustrant.

Newt envisagea de lui retourner la question, mais dans le fond, il se disait que sans être Dumbledore, il était capable de deviner sa réponse à l'avance, et elle ne lui apprendrait pas grand-chose. Pourtant, ils avaient des choses à se dire. Des choses que Newt avait grand besoin de comprendre.

"Professeur, est-ce que c'est vrai ? que vous connaissiez la véritable identité de Graves tout ce temps ?"

Il avait cru comprendre que c'était l'opinion du MACUSA, mais lui avait du mal à savoir quel crédit accorder à tout cela.

« C’est plus compliqué que cela je dirais. »

Oui... Newt osait l'espérer, en tout cas. Le jeune magizoologiste avait une immense estime pour son ancien professeur, et outre le fait qu'il ne saurait envisager un seul instant qu'il puisse être le complice de Grindelwald, il avait envie de penser qu'il ne faisait jamais rien par hasard, même quand ses décisions paraissaient absurdes ou arbitraires (comme lorsqu'il lui avait parlé de Frank... il semblait assez évident, maintenant, qu'il l'avait mené jusqu'à New York à dessein... même si ce dessein demeurait malgré tout particulièrement flou et assez inexplicable).

Newt voulait bien entendre, en effet, que la situation était plus complexe qu'il n'y paraissait. En revanche, il ne se contenterait pas de cette seule information. Il avait besoin d'explications concrètes. Il était mêlé jusqu'au cou à cette affaire, il était contraint de rester en Amérique pour une durée indéterminée... Il méritait de connaître toute la vérité, n'est-ce pas ?

« Il était impossible de s’imaginer que Graves n’était autre que Grindelwald, ça semblait insensé. »

Insensé, certes, mais malgré tout, il semblerait que le professeur de métamorphose ait tout de même su de quoi il retournait. Peut-être tardivement, mais il avait su, et il avait dû être relativement sûr malgré tout, en dépit des apparences. Qu'il n'ait rien fait en conséquence apparaissait, de fait, improbable et surtout inexplicable.

Mais il ne commenta rien, il laissait à son interlocuteur l'occasion de dire tout ce qu'il avait à dire. Il n'en tirerait pas ses conclusions immédiatement. De toute façon, la situation était bien trop floue pour le moment pour qu'il sache véritablement en déduire quoi que ce soit.

« J’avais bien quelques… soupçons, mais rien qui ne puisse être fondé. »

De ce point de vue, ils pouvaient bien se mettre d'accord. Newt aussi avait eu des soupçons concernant Graves. Jamais il ne se serait imaginé qu'il était, en réalité, Gellert Grindelwald, mais il ne lui avait inspiré aucune confiance.

Cela dit, il n'y avait pas grand-chose qu'il avait pu y faire, ne serait-ce que parce qu'en temps que criminel recherché, obtenir un entretien avec la présidente aurait relevé de la pure et simple folie.

« Je pense qu’une bonne tasse de thé peu apaiser quelques maux. »

Et voilà qui devenait tout à coup frustrant. La réponse de Dumbledore éclaircissait quelques points mais ne justifiait pas tout... Et Newt ne réussissait pas à se contenter de cela.

"Je n'ai pas vraiment soif...", répondit-il simplement.

C'était la vérité, il avait l'estomac noué. Et du mal à considérer qu'une tasse de thé puisse résoudre quoi que ce soit à la situation dans laquelle ils se trouvaient.

"Si vous aviez le moindre soupçon, j'aurais honnêtement voulu être mis au courant."

Newt avait toujours apprécié l'excentricité de son ancien professeur... sûrement parce qu'ils avaient ce trait de caractère en commun, tous les deux. Leurs excentricités ne s'exprimaient pas de la même manière, c'est vrai, mais il pouvait s'identifier à lui sur certains points. Mais là, il était à la limite de l'intolérance, tant la décontraction apparente de Dumbledore contrastait avec la situation de crise qu'ils étaient en train de vivre.

Et la tasse de thé qu'il lui offrit, ce même si Newt avait naturellement spécifié le fait qu'il n'avait pas soif, en était un exemple tout simple, qui ferait presque déborder... la tasse de thé. Mais il ne dit rien. Il avait surtout besoin de comprendre. Il savait que même si le professeur de métamorphose donnait l'air de rien, il ne faisait jamais rien au hasard (y compris quand il évoquait avec lui l'oiseau-tonerre qui devait le conduire tout droit à New York). Son silence devait, par conséquent, avoir une justification lui aussi. Mais faute de la connaître, il se sentait démuni d'un élément-clé, qui concernait pourtant une affaire dans laquelle il était complètement impliqué, par la force des choses.

« Je pensais que tu avais déjà fort à faire pour te parler de tout cela. »

Fort à faire, oui, c'est vrai... mais justement, il aurait mieux compris la situation dans laquelle il avait été plongé s'il en avait su certaines subtilités. S'il avait eu fort à faire, c'était parce que Grindelwald, sous l'apparence de Graves, avait mis sa tête à prix. A partir de là, il estimait qu'il aurait mérité d'obtenir les informations qu'il avait contenus.

Mais cette réponse lui laissait largement entendre qu'il n'obtiendrait rien de plus. Il ne voulait pas que sa confiance se laisse ébranler par ses questionnements. Mais il ne pouvait pas faire comme si de rien n'était. Il espérait que cette confiance serait récompensée en temps et en heure.

« Bois. »

Il ne s'exécuta pas. Pas de thé pour lui, pas tout de suite, l'insistance du professeur lui donnait encore moins envie d'avaler quoi que ce soit, en réalité.

« Je dois reconnaître aujourd’hui que j’aurais dû comprendre ce qui allait arriver. »

Newt ne lui reprochait pas cela. Il ne pensait pas que qui que ce soit aurait pu comprendre complètement les événements... en revanche, il lui en voulait tout de même de ne pas lui avoir confié le peu de soupçons qu'ils possédaient.

Finalement, il décida de ne pas faire de commenter là-dessus. Mieux valait embrayer d'une autre manière.

"Et maintenant, qu'est-ce qui va se passer ?" demanda-t-il.

« Malheureusement, l’art de la divination est particulièrement difficile. Je n’ai pas la réponse à cette question. »

Newt était fatigué par une situation complexe et qui lui paraissait inextricable. Si bien que les remarques plaisantines et légères de son interlocuteur avaient du mal à le détendre. Certes, il n'attendait pas que le professeur Dumbledore sache avec précision et certitude ce qui allait advenir. Mais il aurait en revanche aimé que son interlocuteur se montre davantage confiant, ait une idée globale de ce qui les attendait. Parce que Newt, lui, n'avait pas la moindre idée de ce qui allait se passer dorénavant, et il n'aimait vraiment pas cela.

Si le professeur ne savait pas exactement ce qui allait se passer, le magizoologiste voudrait qu'il soit au moins capable de lui en donner une indication, ou de lui laisser entendre que les choses allaient bien se passer. Mais le constat qu'il faisait présentement de la situation était tout sauf positif... Il ne voulait pas qu'on lui dépeigne une réalité fausse, mais il voulait s'assurer de la présence et du soutien de la personne qu'il estimait le plus. Et il n'était pas certain d'obtenir ce qu'il espérait.

« Mais il me faudrait rapidement rentrer à Poudlard. »

"Pourquoi ?" demanda Newt, presqu'immédiatement.

Newt l'avait compris, Dumbledore tenait à retourner à Poudlard, mais il ne réussissait malgré tout pas à comprendre ce qui le motivait exactement. Pour lui, ça ne faisait aucun sens. Oui, lui aussi était impatient de retourner en Angleterre... pourtant, il ne se verrait pas partir dans la situation actuelle... Il ne pourrait certainement pas affirmer être capable de faire une différence quelconque, mais il se sentait en revanche concerné, et incapable de fermer les yeux.

Si Albus Dumbledore ne rentrait pas, quelqu'un le remplacerait à son poste de professeur de métamorphose. Alors qu'ici, il était définitivement irremplaçable. Peu importe le rôle qu'il jouerait, il en jouerait forcément un, c'était évident.

"Pourquoi vouloir à tout prix retourner à Poudlard alors que vous savez tout comme moi que c'est ici qu'on a besoin de vous. Je suis désolé professeur, mais je ne vous comprends vraiment pas."

Albus Dumbledore avait toujours été un puits de mystère, mais en l'occurrence, c'était plus difficile à vivre et accepter. En temps normal, même cryptique, il donnait l'impression de savoir ce qu'il faisait. Pas cette fois.

« Tu n’as pas à t’excuser, je ne te demande pas de me comprendre. »

Non, bien sûr que son ancien professeur ne lui demandait rien de tel, et c'était certainement tant mieux, car dans le cas contraire, Newt serait bien incapable de se plier entièrement à l'exercice tant Albus Dumbledore était et demeurerait sans doute toujours un véritable puits de mystère à ses yeux.

Et c'était bien le problème. Non, Albus Dumbledore ne lui demandait pas de le comprendre, c'est un fait, mais Newt Scamander, lui, en avait néanmoins besoin. Comme il avait toujours eu besoin de comprendre tout ce qui l'entourait, mu par une curiosité naturelle que rien au monde ne pouvait empêcher. Et dans ces circonstances, il estimait d'autant plus nécessaire pour lui de comprendre son interlocuteur, si ce n'est le fond de sa pensée, du moins un minimum de ses intentions. Est-ce qu'ils n'étaient pas supposés être dans le même bateau ? Newt, dans les circonstances présentes, ne se voyait pas revenir à Londres, certainement pas, même si une part de lui en avait envie, et ce n'était pas uniquement parce qu'il n'avait pas encore retrouvé Dougall... ou parce qu'il y avait Tina.

« Je ne pense pas qu’on ait besoin de moi ici et le gouvernement ne pense pas non plus que c’est le cas. Cela m’étonnerait beaucoup de leur part qu’il me laisse faire quoi que ce soit. Et… malheureusement, il m’est impossible de faire quoi que ce soit. »

Albus Dumbledore pourrait certainement lui dire de bien des manières différentes qu'il lui était impossible de faire quoi que ce soit, Newt resterait incapable de comprendre où était l'impossibilité dans tout cela. Ses raisons étaient légitimes, oui, mais elle l'étaient pour d'autres. Pas pour lui. Il ne pouvait pas prétendre ne pas être de taille pour affronter Grindelwald, tout le monde savait que c'était faux. Il ne pouvait pas prétendre craindre de contrarier la présidente ou d'agir à l'encontre du gouvernement... ce serait bien la première fois que cela lui poserait problème.

"Sauf votre respect, professeur, ce serait bien la première fois qu'agir à l'encontre du gouvernement vous poserait soucis..."

Ce n'était pas dit de manière insultante. Au contraire, même, Newt avait toujours eu la plus vive admiration quant à la manière dont le professeur de métamorphose avait toujours su tenir tête au ministère. Mais justement, lui qui n'hésitait jamais à contrevenir à la volonté du ministère ne pouvait avoir de scrupules à agir indépendamment du MACUSA, surtout si c'était pour le bien commun, pas vrai ? Il avait le pouvoir d'échapper à leur vigilance.

« Je ne me contente pas de dire qu’il m’est impossible de faire quoi que ce soit que par convenance, c’est vraiment le cas. »

Newt n’avait jamais suggéré le contraire, il déplorait que son interlocuteur puisse s’imaginer le contraire. Même s’il avait bien du mal à comprendre ce qui se tramait dans l’esprit de l’illustre Albus Dumbledore, jamais il n’avait songé qu’il puisse agir ainsi qu’il le faisait par convenance et complaisance.

Et c’était justement pour cette raison qu’il tenait tant à comprendre de quoi il retournait. S’il affirmait qu’il lui était impossible de se battre contre Grindelwald, c’était qu’il y avait forcément autre chose, et que ce quelque chose n’avait qu’un maigre rapport avec les politiques du ministère britannique ou celles du Macusa. Il était convaincu, mais il avait envie d’en savoir plus. Tout en devinant à présent que sa curiosité ne serait jamais satisfaite.

« Je ne peux pas… m’opposer directement à lui, c’est pour cela qu’il faut que ça soit d’autres personnes. »

Newt avait envie d’insister, de poser les centaines de questions qui lui traversaient l’esprit, mais si Dumbledore n’avait pas parlé plus tôt, il ne parlait pas maintenant. Il fallait simplement qu’il accepte les faits… Même s’il se voyait mal être de ceux qui s’opposeraient à Grindelwald, pas par manque de courage et de conviction, mais parce qu’il ne pensait pas être le mieux placé pour s’opposer à Grindelwald. Theseus serait certainement bien plus efficace que lui.

Il ne dit simplement rien, défait, il voulait croire que son interlocuteur avait néanmoins un plan, mais il n’en était pas totalement certain. Si Albus Dumbledore lui-même n’en avait pas, à quoi fallait-il s’attendre ?

« Il me faut te confier quelque chose… Grindelwald a eu une vision un jour. La vision d’un obscurus qui tuait l’homme qu’il craignait le plus. »

Newt demeura interdit. Il ressentait l’importance de cette révélation, qui donnait du sens à toutes les démarches du mage noir. Newt n’oubliait pas le sévère interrogatoire qu’il avait subi de la part de Grindelwald, sous les traits de Percival Graves. Ses questions sur l’obscurus gardé dans sa valise avaient été très orienté, et c’était ce qui lui avait mis la puce à l’oreille en premier lieu, alors. « Il est inutile sans son hôte », c’est ce qu’il avait dit. « Inutile »… ces mots l’avaient marqué.

« Je vois… », dit-il doucement, réfléchissant en même temps qu’il parlait. « Mais puisque Credence a été tué, pourquoi reste-t-il en Amérique ? La possibilité pour qu’un phénomène se reproduise ici est quasi-nulle. » Il laissa passer un temps de silence alors qu’il songeait à toute autre chose. « Vous ne pouvez pas vous en prendre à lui… mais lui non plus, c’est ça ? »

L’homme qu’il craignait le plus, c’était forcément Dumbledore, le seul sorcier au monde, sans doute, qui l’égale en puissance. Et il cherchait pourtant un intermédiaire plutôt que de l’attaquer frontalement.

« C’est ça. »

Newt ne saurait dire si l'information était rassurante ou non. Mieux valait observer le fait que Dumbledore restait "intouchable" pour Grindelwald, mais ça ne voulait certainement pas dire que les risques étaient moindres pour lui. Comme Dumbledore ferait appel à d'autres pour faire ce qu'il ne pouvait pas faire de lui-même, il était très probable que Grindelwald fasse de même pour s'en prendre à Dumbledore.

Il gardait cette information dans un coin de ses pensées. Il ne savait encore précisément qu'en faire. Il savait seulement que cette information était en effet importante et ne devait certainement pas être négligée, en aucun cas. Ils se trouvaient dans une situation unique, et qui semblait relativement désespérée, mais ça ne voulait certainement pas dire qu'il ne fallait pas tirer profit des quelques éléments qu'ils étaient en mesure d'appréhender correctement.

« Sa présence en Amérique est étrange en effet, surprenante Il semble impensable qu’un autre obscurial se trouve ici, il aurait plus de chance en voguant dans d’autres endroit. Mais il semble tout aussi impensable de rencontrer un jour un obscurial comme Credence, ayant survécu si longtemps… de rencontrer un obscurus si puissant. »

Newt ne dit rien mais il pensait commencer à voir où son interlocuteur voulait en venir. Gellert Grindelwald ne voulait pas d'un obscurial parmi tant d'autres, il voulait cet obscurial en particulier, celui-là même qui était capable de déchaîner une puissance telle qu'il avait bien failli ravager toute la ville de New York. Celui-là même qui avait survécu bien plus longtemps que ce que les obscuriaux étaient normalement capables de le faire.

Mais s'il restait, s'il n'avait pas renoncé à cette idée, est-ce que ça voulait dire... ? Le professeur de métamorphose répondit à ses interrogations de façon bien trop claire pour que puisse être occultée l'évidence.

« Alors… peut-être qu’il faut envisage une autre impossibilité que celles-ci, que… Credence ait pu survivre. »

Voilà, c'était donc bien là qu'il voulait en venir : il fallait admettre cette impossibilité absolue : celle qu'il ait survécu... Est-ce que c'était vraiment possible ? Newt avait été aux premières loges pour assister à sa destruction mais... si ce n'était qu'un leurre...

"Vous pensez que ce serait réellement possible ?"

La question était rhétorique. Si Dumbledore le disait, c'est qu'il estimait que cette option, bien qu'impossible, était valide. Comment était-ce possible ? C'était une autre affaire.

"Dans ce cas, il nous faut le retrouver avec Grindelwald... et avant le MACUSA", reprit Newt d'un ton décidé. "Vous avez une idée d'où il pourrait se cacher ? Pourquoi lui-même choisirait-il de rester à New York ?"