Dans l'antre de la Perdition et de la Magie [pv. Langdon Shaw]

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angdon grimaça légèrement quand son interlocuteur lui répondit qu'il avait eu dans l'intention de lui laisser la surprise de la destination de ce voyage. Le jeune homme ne préférait pas, pour tout dire. Il avait déjà eu son lot de surprises comme ça, il s'épargnerait bien d'en ajouter d'autres. Déjà que dans ces circonstances très particulières, on ne pouvait pas dire qu'il maîtrisait grand-chose, il aimerait se voir capable de garder un minimum de contrôle sur ce que toute cette situation pouvait avoir de... compréhensible ? Oui, c'était le mot, compréhensible, car on ne pouvait pas forcément dire qu'il comprenait grand-chose à tout ce qui était en train de lui arriver.

Bon, une journée, c'était faisable... Même s'il voyait mal où son interlocuteur s'estimait capable de le conduire en une journée seulement, si c'était en dehors de New York... mais ça, c'était parce qu'il était incapable de raisonner autrement que via ses biais parfaitement non magiques. Impossible pour lui de se projeter complètement dans des perspectives qui laissaient suggérer qu'il pourrait être transporté d'un lieu à un autre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Que des sorciers soient capables de le faire, il le supposait, qu'ils puissent permettre à des Moldus de faire de même, ça restait encore en dehors de sa compréhension, à dire vrai. Sa promesse de lui montrer les merveilles du monde magique était effectivement intéressante, et dans tous les cas, Langdon était trop curieux pour refuser. Mais là encore, il préférerait quand même connaître sa destination avant.

-Je ne suis pas fan des surprises, j'aimerais mieux que vous me disiez...

Langdon ne finit pas sa phrase. Il avait détourné son regard pour s'intéresser à ce qui se passait du côté de la scène. Une femme - en tout cas, Langdon pensait que c'en était une - absolument sublime, comme il n'en avait jamais eu de telle. L'étudiant en journaliste se moquait assez globalement des choses de l'amour en général, il avait d'autres chats à fouetter, et il ne cherchait définitivement pas à mettre fin à son célibat, ni n'était de nature à se retourner sur le passage de jolies femmes, mais elle, elle avait un charme... magnétique... Il était incapable de détourner les yeux d'elle. Ou de penser à quoi que ce soit d'autre, toute pensée annihilée par sa présence.

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a voix et le geste de Phineas le firent sursauter et il fallut encore un temps et surtout beaucoup de volonté à Langdon pour détourner son regard de la belle apparition qui continuait de jouer de ses charmes juste à côté. Le regard posé sur la table, il était tenté de se retourner de nouveau, mais admettait qu'il n'avait aucune idée de ce qui venait de lui passer par la tête. Ce n'était vraiment pas son genre que de se laisser ainsi distraire par une présence féminine, qu'importe si sa beauté était à couper le souffle ou non, et il se sentait assez ridicule, pour le coup. En présence de cette apparition plus que charmante, il en aurait presque oublié ce qu'il venait faire là, comme si ça valait vraiment la peine de négliger ses priorités.

Honnêtement, il se sentait carrément stupide, surtout que son interlocuteur, de son côté, paraissait parfaitement indifférent aux charmes manifestes de cette femme - bon, au moins il n'était pas le seul dans cet état, mais maintenant qu'il pouvait en voir d'autres fixer la belle apparition avec presque l'écume aux lèvres, il se sentait encore plus honteux. Est-ce qu'il avait eu l'air aussi bête, de son côté ? Il supposait que c'était bien possible, en réalité.

-Du sang de quoi ? demanda Langdon, encore perturbé.

Il n'aimait pas ça, toute situation qui lui donnait le sentiment de ne pas avoir le contrôle de lui-même lui déplaisait profondément, et dernièrement, il avait le sentiment que ça arrivait un peu trop souvent. Bon, pas dans ces proportions, mais assez en tout cas pour que ça le contrarie franchement. Soit, au moins, sa réaction était semble-t-il plus ou moins naturelle puisque la jeune femme qu'il avait eu bien du mal à arrêter de dévorer des yeux n'était pas, elle, naturelle, ou en tout cas pas complètement humaine, visiblement. Il n'avait aucune idée de ce que signifiait le mot "vélane", mais ça il le comprenait bien.

-Désolé..., ajouta-t-il, toujours tout sauf fier de lui.

Il fallait vraiment être stupide pour se laisser avoir de la sorte. Comme s'il n'avait que ça à faire que de dévisager cette pauvre fille... il n'était pas sûr d'ailleurs que ce soit si agréable pour elle non plus de voir ainsi tous les regards converger sans arrêt dans sa direction.

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Donc, cette femme était une créature surnaturelle, douée d’une beauté enivrante, ce qui dans ses légendes à lui serait qualifié de sirènes, donc (encore que non, puisqu’il y avait aussi des sirènes bien réelles dans le monde des sorciers, mais chaque chose en son temps, Langdon avait déjà du mal à intégrer le flot d’informations qui lui arrivait en pleine figure et qu’il n’était pas sûr et certain de savoir convenablement gérer). Au moins, il n’était pas le seul idiot à se faire avoir, quelque part, ça le rassurait. Quand bien même son interlocuteur, de son côté, semblait absolument immunisé contre les charmes redoutables de la créature, ce qui lui donnait tout de même le sentiment de ne pas valoir grand-chose.

Bon, l’essentiel, c’est qu’il en était un peu remis, et le fait d’avoir une explication concrète à l’envoutement dont il venait d’être la victime avait quelque chose de rassurant, et lui permettait du moins de remettre les pieds sur terre un peu plus sûrement. Le jeune homme prit tout de même le soin de bien attendre que la jeune femme (ou vélane, ou demi-vélane, aucune importance maintenant) ait quitté la scène pour souffler un peu et cesser cette lutte intérieure qui le poussait à vouloir encore regarder dans la direction de la belle apparition, maintenant hors de sa vue.

A présent, il se sentait davantage lui-même, et d’autant plus capable de reprendre prise avec les circonstances. Il retira sa main de la table et prit soin de garder ses deux mains sur ses genoux. Il n’était pas sûr de vouloir s’épancher plus longuement sur le sujet des vélanes. Sans façon, même. Que son interlocuteur soit impressionné ou non ne changeait pas grand-chose au fait qu’il s’était senti particulièrement ridicule l’instant d’avant. Sa fierté, l’air de rien, en avait pris un léger coup, et il n’était pas forcément envieux de discuter plus longuement de cela. D’autant qu’avant d’avoir été ainsi distraits, avant que Langdon perde de vue ses priorités, Phineas lui avait parlé de le conduire quelque part, que c’était une surprise. Et vélane ou pas, Langdon détestait toujours autant les surprises. D’ailleurs, la « surprise vélane » tendait à prouver combien il n’aimait pas ce genre de choses.

-Je disais, avant que nous soyons… interrompus. Ou plutôt avant qu’il n’interrompe de lui-même leur conversation parce qu’il avait eu la faiblesse de se laisser abuser par il ne savait quelle créature très certainement dangereuse. Je n’aime pas les surprises. Je préfèrerais connaître le détail de notre destination.

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e nord, il l’avait perdu, et l’est, et l’ouest, et le sud quand la demi-vélane avait fait son intrusion dans la pièce, et il appréciait de retrouver ses repères… enfin, dans la mesure de ses possibilités, car Langdon restait qui il était, et affirmer qu’il était paumé de manière générale n’était pas un euphémisme, loin de là. Certes, au fil de ses découvertes, et grâce à cette conversation notamment, il commençait à y voir plus clair, mais il avait tout de même encore beaucoup de chemin à faire, et c’était une chose dont il avait complètement conscience.

Il allait le conduire sur le chemin de traverse, lui apprit-il. Autant dire qu’il n’avait aucune idée de ce que cela impliquait. Ce nom ne représentait rien pour lui, mais comme pour tous ces termes qu’il intégrait et devait maintenant apprendre à assimiler et à apprivoiser, il ne demandait qu’à en apprendre plus, en vérité. Et il comprenait bien que le plus simple encore pour lever le mystère complètement sur le lieu dont on lui parlait, c’était de s’y rendre.

Il pouvait tout de même compter sur Phineas pour se montrer un peu plus spécifique, lui permettant d’y voir plus clair et de mieux comprendre de quoi il retournait précisément. Il s’agissait d’un lieu symbolique, en quelque sorte, au sens où c’était le premier vrai pas que les sorciers qui découvraient l’être faisaient dans le monde de la magie. Autant dire que ce semblait en effet logique, sous cet aspect-là, de l’emmener là en premier lieu. Il intégrait les informations une à une, le chemin de traverse, Poudlard, Pré-au-Lard. C’était particulièrement submergeant que d’avoir affaire à toutes ces informations d’un coup, mais c’était aussi un peu exaltant, en réalité. Il tenait plus que jamais la chance d’approcher au plus près du monde de la sorcellerie. Certes, ici, dans ce bouge, il y avait déjà un pied bien installé, mais ce n’était pas encore assez, il fallait qu’il voie, qu’il intègre, qu’il comprenne. Ce devenait indispensable pour lui, nécessaire.

-Et où se situe-t-il, ce chemin de traverse ?

A sa manière, il laissait comprendre à son interlocuteur qu’il était partant, mais malgré tout, il tenait à obtenir les informations qui lui manquaient encore, il tenait à n’en négliger aucune. Alors il attendait de savoir, d’en apprendre plus. Il avait bien compris que l’endroit était en Europe, ce qui l’invitait d’ailleurs à se poser une autre question.

-Comment est-ce qu’on s’y rend ?

Il avait parlé d’une excursion sur une journée. Mais, bien sûr, l’Europe n’était pas la porte à côté, loin de là. Sauf si on était un sorcier, sans doute.

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on, en effet, il ne perdait pas le nord, mais dans ces circonstances, qui pourrait vraiment le lui reprocher ? Dans trop de circonstances, il avait eu tendance à se laisser dominer par ses craintes, sa rancoeur et ses émotions. Il avait souvent perdu le nord, en réalité, faute de savoir vers où se diriger, en se fiant aux mauvaises personnes, en ne sachant à quel saint se vouer, en commettant l'erreur de prêter allégeance à qui il ne faudrait pas. Alors, pour une fois, il ne voulait pas mettre un pied dans l'inconnu, un pied dans le vide sans regarder un minimum devant lui : il tenait à éviter la dégringolade. S'il voulait marcher aux côtés de cet homme, il fallait qu'il en sache le plus possible, qu'il ne soit pas épargné par aucun détail.

Ce fameux chemin de traverse se trouvait donc à Londres. Au vu de l'Anglais impeccable de l'homme mais de son fort accent britannique, Langdon s'était effectivement douté qu'il devait s'agir d'un lieu de Grande-Bretagne, ou de la Grande-Bretagne sorcière s'il fallait la nommer ainsi. Donc, il semblerait qu'il s'apprêtait à découvrir Londres. Soit, c'était un endroit qu'il avait toujours voulu visiter. Mais il avait aussi la confirmation que l'endroit où ils étaient supposés se rendre en une journée seulement n'était clairement pas la porte à côté.

Est-ce qu'il était satisfait de sa réponse ? Oui, au sens où elle pouvait difficilement être plus précise. Mais pour sa part, il se montrait trop curieux pour se contenter de mots. Dans tous les cas, il faudrait qu'il voie, il estimait même d'une grande importance qu'il voie. Il grimaça quand son interlocuteur refusa de lui parler de leur moyen de transport. A ce stade, il pensait qu'il était capable de croire à peu près n'importe quoi. Mais il consentait à n'obtenir cette réponse que plus tard, ils verraient bien.

-Très bien, je vais me contenter de cette réponse. Il marqua une pause. Je suppose que nous nous sommes tout dit, ajouta-t-il, tout de même un peu pressé de quitter cet endroit qui ne le mettait pas totalement à l'aise et de rentrer chez lui, ni plus ni moins. J'attends de vos nouvelles, alors.

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