La sorcellerie est partout [feat Langdon et Mary Lou]

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angdon était ravi de voir l'intérêt que son amie portait aux recherches de Mary Lou. Il savait qu'elle avait encore besoin d'être convaincue (même si, à certains moments, elle lui donnait l'impression de l'être. Il ne savait toujours pas sur quel pied danser avec elle, il faut bien le dire), et il se disait qu'avec la copie de ces archives, elle aurait en main toutes les cartes disponibles pour se laisser totalement convaincre et se joindre à la cause qu'ils défendaient tant bien que mal. Plus nombreux ils seraient, mieux ce serait. Langdon avait eu accès à ces archives, lui aussi, c'était par cette intermédiaire qu'il avait compris une bonne fois pour toutes que l'intuition qu'il avait eue était vraie, que les sorciers et la magie existaient bel et bien... Elsa passerait sans doute par le même cheminement de pensée que lui. certes, elle n'aurait pas à passer par l'épreuve traumatisante de la mort de son frère. Mais en même temps, Langdon n'avait pas eu besoin du décès de Henry pour croire en l'existence de la magie. Et au fond, il se disait que c'était une chose qu'il avait toujours sue. Alors Elsa parviendrait elle aussi à comprendre, et à les aider... même si ce n'était sans doute que temporairement, parce que ses voyages la conduiraient forcément ailleurs, dans d'autres contrées... où elle pourrait peut-être répandre leurs idées, qui sait ?

-C'est bien ça, confirma Mary Lou dans un hochement de tête, parfaitement honnête et sans honte. Et pourquoi avoir honte, après tout ? Le nom était bien choisi. Ou en tout cas, Langdon était de cet avis. Qui sait si le Salem de l'époque s'attaquait à de vraies sorcières ou pas, ce qui était sûr en revanche, c'est que c'étaient à de vrais sorciers qu'il leur fallait s'en prendre maintenant, autant se rassembler derrière un symbole fort, et qui puisse parler à tout le monde. La preuve que cela fonctionnait : Elsa n'avait pas à réfléchir longtemps pour savoir à quoi elle faisait référence. Et elle avait effectivement vu juste. Nous devons fonder un nouveau Salem.

Si leur rassemblement pouvait prendre autant d'ampleur, gagner autant d'impact et marquer autant les mémoires, alors ils y auraient tout gagné, sans l'ombre d'un doute.

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ary Lou ne sut pas exactement comment interpréter la réaction de son interlocutrice, mais dans tous les cas, qu'elle y soit hostile ou attentive, cela n'aurait en rien modifié son discours. La question était simple et appelait une réponse d'une simplicité équivalente. Mary Lou avait décidé d'appeler son "association" la ligue des fidèles de Salem en référence à la chasse aux sorcières menée à Salem à l'époque. Le nom était recherché dans le but de porter un message fort et évident : il s'agissait bel et bien de mener une nouvelle chasse aux sorcières. Le terme de "chasse" pouvait sembler un peu fort, mais à Mary Lou, il était approprié, et pour cause, elle ne cachait pas ses intentions proprement meurtrières à l'intention des sorciers, car à ses yeux, ils ne méritaient pas de vivre. La haine envers la communauté magique lui avait été communiquée dès sa plus tendre enfance, et il y avait peu de chances pour que ce sentiment soit un jour remplacé par quoi que ce soit d'autre. Les sorciers étaient dangereux, à ses yeux, c'était simple, c'était eux ou le reste de l'humanité, les deux ne pouvaient pas coexister, c'était impossible. Et puisque les deux ne pouvaient manifestement pas coexister, elle avait fait son choix. Et ce choix ne varierait clairement pas, quoi qu'il puisse advenir.

-Y a-t-il d'autres questions que vous souhaiteriez poser ? demanda-t-elle donc sans perdre le nord.

C'était après tout pour cette raison que la jeune femme était présente ici. Elle faisait déjà preuve de beaucoup d'initiatives, et Mary Lou gardait précieusement les quelques idées qu'elle avait émise dans un recoin de son cerveau, mais malgré tout, elle avait avant tout besoin d'être convaincue, et c'était ce que la chef de file des fidèles de Salem ne demandait qu'à faire. pour la moindre question qu'elle poserait, elle n'hésiterait pas à répondre le plus précisément et le plus sincèrement possible. Elle n'avait rien à cacher. Elle agissait en son âme et conscience et parfaite connaissance de cause. Alors oui, si la jeune Elsa devait encore avoir d'autres interrogations à l'esprit (et c'était probable, car la situation, assez inédite, n'appelait pas forcément une autre forme de comportement), elle était prête à répondre dans le moindre détail et sans se dérober une seule seconde.

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e regard de Langdon passa de Mary Lou à Elsa, d'Elsa à Mary Lou, tandis que cette dernière demandait à la jeune femme si elle avait une question à lui poser. Connaissant la curiosité d'Elsa (même s'ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, il pensait avoir cerné ça dans son caractère), elle avait sûrement d'autres choses à demander. Il voulait croire qu'elle commençait à être convaincue, mais il était certain qu'elle attendait encore des preuves. La journaliste en devenir avait un tempérament très cartésien. Elle était comme saint Thomas, elle ne croyait que ce qu'elle voyait, et même s'ils ne pouvaient pas lui donner plus à voir que les preuves du moment, qui à ses yeux étaient plus manifestes, d'autres questions se posaient peut-être encore. Et la question de la demoiselle était loin d'être inintéressante. Le regard de Langdon se reposa sur Mary Lou, la considérant avec la plus grande curiosité. C'est vrai, ça, quel avait été l'élément déclencheur ? Comment avait-elle fini par connaître l'existence de la magie. Le jeune homme s'étonnait lui-même. La question paraissait évidente, et pourtant, il n'avait jamais envisagé de la poser à Mary Lou. Et maintenant, il était vraiment très curieux de savoir ce qu'elle pouvait répondre.

-Il ne m'est rien arrivé de particulier, expliqua-t-elle alors. Et ce début de réponse surprit Langdon. La démarche des fidèles de Salem semblait tant et tant prendre des allures de vendetta personnelle qu'il était étonné d'apprendre qu'elle ne devait pas le choix de créer cette organisation à de quelconques sévices qu'elle aurait subis à cause des sorciers. Je sais depuis toujours que les sorciers existent, ma famille cherche à les arrêter depuis des générations. Et là encore, il y avait de nombreuses choses que Langdon découvrait, et d'autres encore que même Mary Lou aurait normalement à découvrir. Parce que là, il y avait des choses à creuser... notamment le fait que, en fait, il y avait des sorciers parmi les ancêtres de cette femme si vindicative. J'ai appris dès mon plus jeune âge à être attentive aux signes de magie... et ce n'est pas à de simples signes que nous avons à faire en ce moment. Je parlerais plutôt de preuves manifestes.

Et ce n'était clairement pas Langdon qui allait la contredire à ce sujet. Il était de l'exact même avis.

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ary Lou hocha la tête avec ce qui s'apparentait à un mélange de fierté et de gravité quand son interlocutrice résuma la situation de la meilleure manière qui puisse être : c'était un combat ancestral, en effet. Ses ancêtres s'étaient battu pour faire éclater la vérité, ils avaient lutté - en vain - pour faire valoir leurs croyances et pour ouvrir les yeux d'un monde aveugle à ce qui se passait juste sous son nez. Ses ancêtres avaient échoué, c'est vrai, mais elle avait tout mis à sa disposition pour que ce cas de figure ne se reproduise pas en ce qui la concernait. Elle était entièrement convaincue du bien fondé de sa cause et de la réussite de ses objectifs. Après tout, les récents événements, si difficilement explicables par la voie dite rationnelle, permettait à son combat de gagner en valeur et en légitimité, et elle était convaincue que, à force de persévérance et de ténacité, elle arriverait à illuminer les regards les plus ternes, à faire voir une vérité trop souvent tue et négligée. De la patience, juste un peu de patience, c'était tout ce dont ils avaient besoin pour accéder à la réussite. Elle appréciait le compliment et se laissait sans mal amadouer, il faut bien le dire. Son opinion rejoignait bel et bien celle de son interlocutrice. Oui, il était admirable en effet qu'elle ait su poursuivre ce combat avec une ténacité identique (elle n'était jamais la dernière pour se lancer des fleurs), de même pour l'attention qu'elle accordait à tous ces enfants démunis. Bon, d'accord, ils étaient davantage une couverture, et elle les exploitait à outrance, mais qu'importe puisque le résultat était là, non.

-Merci, assura-t-elle dans un léger hochement de la tête. Elle le remerciait, oui. Mais je ne fais jamais que ce que j'estime être mon devoir.

Et elle considérait sans l'ombre d'un doute qu'elle devait passer à l'heure actuelle pour un bon Samaritain au féminin. Ce serait mal lui correspondre sans doute, mais ça ne changeait rien à son opinion sur la question. C'était ainsi qu'on devait la percevoir pour parvenir à ses fins, tout simplement. Dans tous les cas, c'était vrai, elle considérait que ce serait bel et bien leur devoir. Et ils l'accompliraient ainsi qu'ils le devaient.

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angon suivit à distance la conversation entre Elsa et Mary Lou et s'abstint d'intervenir, de dire quoi que ce soit. Au mieux, il était là pour jouer les médiateurs, les intermédiaires, mais il considérait que tout devait se jouer entre elles deux en fin de compte. C'était à la cheffe de file des fidèles de Salem de convaincre la journaliste en herbe de sa bonne foi et du bien fondé de son combat, lui, il était seulement là pour la soutenir, parce que c'était sans doute moins intimidant de ne pas se retrouver seule face à elle (même après tout ce temps, le jeune homme restait intimidé par le fait de se trouver en sa présence. Il lui trouvait de la prestance, un certain charisme, tout ça, ça avait le don de l'intimider et en même temps, il n'était que d'autant plus convaincu). Alors il laissait faire, et puisqu'il estimait que tout n'avait pas l'air de se passer si mal que cela, il ne considérait pas qu'il ait besoin d'intervenir en quoi que ce soit. Mais il allait vite être détrompé par Elsa, qui se tourna dans sa direction. Pour lui poser une question hautement délicate, et qui lui serra immédiatement le coeur. Il mit un certain temps avant de répondre, parce que évoquer son père comme à chaque fois, lui faisait le plus grand mal. Et en même temps, son décès ne pouvait qu'être correllé à toute leur conversation, ce n'était pas comme s'ils pouvaient passer outre ou faire comme si de rien n'était.

-Il... Il venait d'être nommé sénateur, bredouilla-t-il alors, c'était un personnage public, et ça... ça a eu lieu devant des dizaines de témoins, lors d'un événement organisé d'avance, alors... Il marqua une pause, même s'il ne faisait qu'articuler des pensées qu'il avait à l'esprit depuis un bon moment, ça ne rendait pas la situation moins difficile. ...peut-être que c'était une manière de nous faire comprendre que ce n'est pas nous qui faisons la loi.

C'était peut-être contradictoire. Les sorciers étaient jusqu'ici discrets, semble-t-il, ce qui avait justifié le fait qu'ils ne soient pas parvenus à faire entendre leur voix jusqu'ici. Mais peut-être en avaient-ils assez d'être discrets. Les accidents dans le métro le prouvaient bien, non ? Ils avaient peut-être attendu de pouvoir asseoir leur domination. Et c'était chose faite.

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lsa posait beaucoup de questions, ce qui était une très bonne chose en soi, car assouvir cette curiosité devrait permettre de se la mettre dans la poche et de bénéficier des services d'une recrue supplémentaire. Mais ses questions étaient... singulières. En soi, Mary Lou n'avait pas à le lui reprocher : ces questions avaient le mérite d'être ciblées et spécifiques... mais aussi, si ciblées et spécifiques qu'il semblait assez évident qu'ils ne connaissaient pas toutes les réponses. Pour savoir les intentions directes des sorciers, il fallait pénétrer leurs esprits malades ou en être un soi-même, et ce n'était le cas de personne ici, du moins à ce qu'elle sache. En ce qui la concernait, elle n'accordait pas franchement d'importance à ce qui pouvait motiver cette communauté, essayer de le comprendre, ce serait à ses yeux un premier pas vers un impensable pardon. Un crime restait un crime, peu importe ce qui avait motivé le geste du criminel. La chef de file des fidèles de Salem ne comptait pas accorder quelque circonstance atténuante que ce soit à ceux dont elle avait bien l'intention de débarrasser le monde sur le long terme. Ces individus étaient démoniaques, et sur le long terme, ils chercheraient à réduire ceux qu'ils considéraient comme inférieurs au silence, c'était aussi simple que ça.

-Comment pourrions-nous le savoir ? demanda-t-elle froidement. Nous avons mieux à faire que de pénétrer leurs esprits malades. Qu'importe leurs motivations, il faut les arrêter, un point c'est tout. Honnêtement, je pense qu'ils se moquent de nos progrès scientifiques, ajouta-t-elle, daignant quand même répondre en partie à cette question, du moins en se fiant à ses propres intuitions. Qui ne devaient pas pour autant être tenues pour acquises, du moins au regard de Mary Lou. Leurs pouvoirs dépassent de très loin nos compétences. Il faut croire qu'ils en ont assez de se cacher, tout simplement.

Et elle n'avait aucune envie d'orienter la conversation sur le pourquoi du comment ils s'étaient cachés jusque-là. Mary Lou était tout bonnement fermée au dialogue, mais qu'attendre le plus de cette femme acariâtre qui avait voué sa vie entière au combat contre la sorcellerie ? Ce n'était pas aujourd'hui qu'on lui ferait changer d'avis sur ce qu'était la communauté sorcière. Pas plus que cela n'aurait été possible hier. Ni ne le serait demain.

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angdon trouva la réaction de Mary Lou inutilement froide. Il trouvait cela inutile, oui, car il ne voulait pas qu'Elsa se braque alors qu'elle semblait s'intéresser sincèrement à leur cause, mais il ne s'en formalisait pas malgré tout. Le jeune homme connaissait bien Mary Lou à force de la côtoyer (ou, du moins, il pensait la connaître). Il savait qu'il ne fallait pas forcément s'arrêter sur son tempérament parfois glacial. Elle portait sur son dos le poids d'immenses responsabilités, et il était donc normal que, parfois, elle prenne les questions trop orientées sur son action comme une attaque personnelle. Il n'estimait pas cette femme susceptible, mais à force de parler à des murs, elle devait parfois perdre patience, et Langdon comprenait très bien. Il s'intéressait au monde des sorciers depuis bien moins longtemps qu'elle, et pourtant, déjà, il sentait sa patience mise à rude épreuve face à ses interlocuteurs qui se révélaient incapables de comprendre combien il était sincère et réellement déterminé à plaider en faveur d'un monde meilleur. C'était d'autant plus difficile pour lui, d'ailleurs, qu'il ne pouvait également que prendre cette cause personnellement. Son frère était mort à cause d'un acte de sorcellerie, il en était persuadé, alors à partir de là, impossible de rester complètement neutre et serein. Elsa se justifia du mieux qu'elle put, et Mary Lou sembla se détendre un peu. Décidément, Elsa semblait sacrément y tenir, à ces copies d'archives. En même temps, c'était compréhensible. Elle était en quête de preuves. Et les plus irréfutables se trouvaient sans doute là.

-Dès qu'ils seront prêts, répondit Mary Lou d'un ton qui ne laissait pas deviner grand-chose.

Langdon avait du mal à interpréter ces paroles, mais il estimait qu'Elsa devait ne pas le prendre mal, au contraire. Mary Lou possédait une personnalité un peu particulière, pour ainsi dire, et relativement cryptique, mais il la considérait malgré tout comme une personne digne de confiance. C'était sans doute lui qui aurait dû mieux briefer son amie pour commencer.

-Langdon vous tiendra informé.

Ah oui ? Bon ben, puisqu'elle le disait. En tout cas, s'il devait jouer les intermédiaires, cela ne dérangeait pas du tout Langdon, surtout si ça pouvait encourager et convaincre Elsa, qui restait malgré tout un peu sceptique, il le sentait bien, ce qui était normal, forcément.

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