Le temps confirme l’amitié | Milla & Ruby

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illa, ces derniers temps, avaient peu de temps pour elle. Et pour cause, les affaires marchaient bien... elle aurait même envie de dire trop bien, mais ce serait faire preuve d'une ingratitude certaine, et il n'en était pas question. De toute façon, ça ne la dérangeait pas de travailler plus que d'ordinaire, ce n'était pas comme si son travail ressemblait à n'importe quel autre dans tous les cas. Ce n'est pas comme si il était possible de s'en lasser, d'une façon ou d'une autre. Alors oui, elle se satisfaisait plutôt de ce nouvel emploi du temps chronophage, qui lui laissait un peu moins de temps à se consacrer à elle-même. Ce qui ne signifiait pas pour autant qu'elle n'était pas capable de s'en trouver, ceci dit. Comme maintenant, où elle avait décidé de faire les boutiques.

Ce ne serait pas du luxe, d'ailleurs, la jeune femme avait grand besoin de renouveler sa garde-robe, et puisque les affaires étaient florissantes, à l'heure actuelle, c'était pour ainsi dire le moment idéal. Milla n'avait jamais été économe quoi qu'il en soit, quand elle avait beaucoup d'argent, elle se sentait obligée de le dépenser rapidement. Elle faisait donc tranquillement son lèche-vitrine quand elle aperçut un silhouette familière non lui. Un sourire étira ses lèvres quand elle reconnut Ruby.

Voilà longtemps qu'elles n'avaient pas eu l'occasion de passer du temps ensemble, et l'air de rien, ça lui manquait. C'est que les circonstances ne s'y prêtait pas forcément. Elles n'appartenaient pas vraiment aux mêmes mondes, mais elles avaient tout de même quelques points communs qui n'avaient rien du tout de négligeables, à commencer par leur ambition débordante. Avoir enfin de ses nouvelles et passer du temps avec elle lui semblait une bien meilleure façon de passer son temps libre que de s'acheter quelques nouvelles fripes.

-Ruby, je ne m'attendais pas à te voir non plus. Tu n'es pas au travail ? De toute évidence, non, mais c'était histoire d'engager la conversation. Dis-moi que tu ne dois pas y aller, il faut absolument qu'on aille boire un verre, tous les deux.

Elles avaient sûrement tout un tas de choses à se dire, et même si ça ne devait pas être le cas en soi, elles en trouvaient toujours. Les conversations qu'elle avait avec Ruby étaient toujours passionnantes, elle ne voulait jamais passer à côté de cette occasion.

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uby semblait tout aussi enthousiaste que Milla à l'idée de passer plus de temps ensemble, et c'était tant mieux, car la jeune femme avait grande envie de parler. Des amis,Milla en avait un certain nombre, mais pour certains, les relations qu'elle entretenait avec eux restaient superficielles. Avec Ruby, ce n'était jamais le cas, elle prenait le plus grand plaisir à parler avec elle. Ruby était une amie de qualité, et avec qui elle partageait des qualités (ou défauts) communes. La perspective de boire avec elle illuminait sa journée, et elle avait la ferme intention d'en profiter un maximum, cela va sans dire.

-Je ne connais pas trop les bars et les cafés du coin, mais on a qu'à se laisser surprendre, suggéra Milla, pour qui il était assez habituel de procéder ainsi, même si elle avait bien évidemment ses quelques lieux de prédilection, à commencer par le Blind Pig, en grande partie parce que Gnarlak y entretenait son business et qu'elle en faisait partie intégrante. Alors, dis-moi tout ! Le travail ? Les amours ? Je veux tout savoir.

La vie des autres pouvaient bien souvent provoquer chez Milla un vif désintérêt, mais Ruby faisait définitivement exception, et elle était impatiente de rattraper le retard qu'elle avait peut-être pris sur les derniers événements qui avaient ponctué sa vie dernièrement. Et réciproquement, Ruby avait raison de penser que Milla pouvait avoir un certain nombre de choses à dire, ca en effet, la jeune femme n'était pas en reste de son côté non plus. Dans tous les cas, même si elles n'avaient rien eu de particulier à se raconter toutes les deux, Milla était convaincue qu'il n'y aurait pas de temps mort entre elles pour autant. Ce n'était jamais arrivé, et elle aimait à penser que, à moins d'un véritable cataclysme dont il lui serait bien impossible de déterminer la nature, ça n'arriverait bien évidemment jamais.

Après avoir marché sur quelques mètres, le duo se retrouva devant la devanture d'un café qui semblait accueillant, propre, et qui avait le mérite d'être encore relativement vide à cette heure de la journée. Voilà qui convenait parfaitement à Milla, elle suggéra l'endroit à Ruby avant de les installer à l'intérieur. Tandis qu'elle s'installait et en profitait déjà pour s'allumer son nième cigarette de la journée, elle attendait que Ruby lui en dise plus sur les récents événements qui avaient ponctué son existence.

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uby lui promit de répondre à toutes ses questions une fois qu'elles seraient confortablement installées. Tant mieux, la jeune femme n'avait pas la moindre envie de lui laissé d'échappatoire, et encore moins l'envie de penser que Ruby puisse avoir une vraie raison de vouloir échapper à leur discussion. Elle ne se montrait pas si curieuse dans l'intention de la mettre au pied du mur, elle appréciait juste sincèrement Ruby et voulait tout savoir de sa vie, c'est tout, tout comme Milla elle-même n'hésitait que rarement à partager avec son amie ce qui se passait dans sa vie, quitte à parfois mettre cette dernière dans une position éthique éventuellement inconfortable, puisque l'une travaillait pour le MACUSA, et l'autre pour... tout un tas de types plus louches les uns que les autres, pour faire court.

Elles s'installèrent donc dans le café qui leur avait fait de l'oeil à toutes les deux, et la jolie blonde ne trahit pas sa promesse, puisqu'elle reprit très vite la parole, une fois leur commande passée. Question travail, tout allait bien, même si Ruby éprouvait visiblement une certaine frustration à ne pas réussir à gravir les échelons assez vite. Milla le comprenait bien, c'était une des choses qu'elle aimait particulièrement chez son amie, d'ailleurs : elle était ambitieuse et elle avait de la suite dans les idées. Là-dessus (et sur de nombreux autres points), elles se ressemblaient beaucoup. Milla espérait en tout cas que les efforts de son interlocutrice allaient effectivement payer à un moment ou à un autre, et le plus vite possible tant qu'à faire, elle méritait un destin à la hauteur de ses ambitions... et heureusement pour elle, elle savait parfaitement le provoquer, ce destin.

Et pour ce qui était de sa vie sentimentale - chose qui était, définitivement le plus intéressant aux yeux de Milla (oui, elle l'assumait, c'était ce qu'elle trouvait de plus passionnant dans la vie des autres)... Eh bien, la jeune femme se sentait un peu frustrée. Elle en disait un peu sans trop en dire, en bref, elle n'en disait pas assez. Elle lui laissait entendre qu'elle avait quelqu'un, c'était un bon début. Mais pour le reste... Qui était-ce ? Pourquoi est-ce que ce n'était pas des plus simple ? Qu'est-ce qui lui convenait pour l'instant ? Et qu'est-ce qui pourrait ne plus lui convenir ensuite ? Et qu'est-ce qu'elle ne lui cachait pas ? Milla n'avait pas d'autre choix que d'insister.

-Tu m'as mis l'eau à la bouche mais tu te doutes que je peux pas me contenter de ça. Qui est l'heureux élu ? Pourquoi c'est compliqué ?

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eureusement pour Milla, Ruby semblait effectivement décidée à lui en apprendre plus et à ne pas la laisser seule avec sa frustration. A choisir, Milla préférait largement cela que de se poser mille et une questions et de s'inventer quelques dizaines de scénarios possibles. Sans compter le fait que la jeune femme aurait eu du mal à ne pas se sentir un peu vexée si son interlocutrice avait décidé de ne rien lui dire. Certes, tout le monde avait le droit à son jardin secret, mais aux yeux de Milla, il était si évident que tout secret était forcément bien gardé de sa part entre ses mains (pas de la part de tout le monde, certes, mais jamais Milla ne trahirait son amie) qu'elle l'aurait sans doute pris mal tout de même.

Mais pas de cela, non, à la place, un résumé plutôt satisfaisant de la situation sentimentale complexe dans laquelle se trouvait son interlocutrice. Elle se contenta de hocher la tête quand Ruby lui fit comprendre qu'elle ne devait surtout rien répéter de ce qu'elle allait lui dire. C'était l'évidence, et la jeune femme avait bien l'intention de demeurer muette comme une tombe. Et quand son amie lui en dit plus, elle n'eut aucun mal à cmprendre pour quelles raisons Ruby ne voulait pas que la chose soit hurlée sous tous les toits.

Donc, elle fréquentait un homme depuis un moment. Un homme plus âgé. En soi, ce n'était pas franchement un problème aux yeux de Milla, surtout qu'en vérité, elle ne voyait pas Ruby fréquenter un homme de son âge ou pire, plus jeune qu'elle. Non, Ruby ne pouvait sans doute s'épanouir qu'avec un homme d'expérience, elle n'avait certainement pas de temps à perdre avec des minots. Mais ça ne s'arrêtait pas là. L'homme était marié. Et père, par-dessus le marché. Pas de bol.

Est-ce que Milla était outrée du comportement de son interlocutrice ? A vrai dire, pas le moins du monde, et elle ne comptait certainement pas la blâmer pour cela. Ce serait d'ailleurs singulièrement hypocrite de sa part, étant donné qu'elle était présentement dans une situation similaire (mais elle espérait quand même pour sa part qu'Ethan, lui, ne finirait pas marié... et pas père, surtout, quelle horreur).

-Son nom me dit rien, observa Milla, un peu déçue de ne pas connaître ce Samwell qui travaillait pour le MACUSA, histoire de pouvoir mettre un visage sur le nom de l'amant de Ruby. Et c'est sérieux avec lui ou... ?

En gros, est-ce qu'elle était amoureuse de lui ou s'amusait juste avec un homme avec qui elle se révélait compatible. Pas de mention faite à la femme ou à l'enfant. Elle ne les connaissait pas, donc elle s'en fichait.

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i Ruby n'en savait rien, c'est que la réponse de la jeune femme se rapprochait davantage du "oui" que du "non", dans le cas contraire, elle serait totalement au clair avec ses sentiments. Milla savait de quoi elle parlait, quand elle avait commencé à admettre qu'elle avait peut-être des sentiments pour Ethan, il était déjà trop tard, et ses sentiments étaient en fait bien ancrés. Dans le fond, Milla n'était pas certaine de devoir souhaiter cela à son amie, malgré tout.

Parce que passer du bon temps avec un homme marié, c'était une chose, s'enticher d'un homme marié, c'était une chose bien différente, par contre. Parce que cela signifiait que la jalousie, les attentes, le manque feraient forcément leur immersion, d'une manière ou d'une autre. Chacun réagissait d'une manière différente, bien sûr, et il y avait des centaines de manières d'aimer, mais quand on aimait, bien souvent, on avait tout de même du mal à partager. Dans le cas de Milla, en tout cas, c'était bien le cas. Le simple fait de devoir tenir compte de l'existence d'Elizabeth dans l'équation lui faisait bouillir le sang.

Elle aimait passer du temps avec lui, il lui arrivait de lui manquer quand elle passait du temps avec lui, c'était tout de même assez symptomatique de quelque chose d'autre... Mais Milla ne pouvait pas se mettre à la place de Ruby et prétendre qu'elle était capable de se faire véritablement une idée de la situation et de ce que Ruby éprouvait. Pour l'heure, elle était heureuse, ne se prenait pas la tête et savourait l'instant présent. C'était très certainement la meilleure posture qu'elle pouvait choisir d'adopter entre toutes.

-Bon, du moment que tu es sûre de ce que tu fais et que tu te protèges, c'est ce qui compte.

Par "protéger", elle parlait du fait de protéger ses sentiments, bien sûr (quoique les autres formes de protection étaient importantes aussi), Milla ne souhaitait clairement pas que son amie finisse avec le coeur brisé parce qu'un connard marié aurait décidé d'abuser de sa beauté et de sa jeunesse. Ruby valait bien mieux que ça, décidément bien mieux que ça.

-Quand même, j'ai envie de voir à quoi il ressemble, maintenant, ce Samwell, ajouta-t-elle non sans une certaine légèreté, effectivement curieuse de savoir à quoi pouvait ressembler cet homme qui avait peut-être - ou pas - volé le coeur de son amie.

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illa grimaça quand son amie lui répondit qu'elle faisait gaffe mais que, au pire, elle savait où venir pleurer. Alors, bien sûr, si les choses devaient mal se passer pour Ruby, si cette dernière devait finir par souffrir de cette situation, bien évidemment que Milla la laisserait pleurer sur son épaule, mais elle n'avait pas envie d'envisager que cette situation puisse se produire un jour. Depuis le temps qu'elle connaissait son amie, il ne lui semblait pas l'avoir vue pleurer une seule fois, et elle ne voulait surtout pas que ça finisse par arriver, d'une façon ou d'une autre.

Ruby méritait le meilleur, et jusqu'alors, elle avait toujours su s'arranger pour l'obtenir. Il fallait que ça continue ainsi, un point c'est tout. Même si ce Samwell devait se révéler au bout du compte être le plus immonde des connards qui existe au monde, Milla espérait bien que son amie le lui ferait payer dans les règles de l'art et sans hésiter une seule seconde, plutôt que de se morfondre ou de se lamenter sur son sort.

Milla avait très envie, oui, d'aller faire l'air de rien un tour du côté du MACUSA afin de tomber par "un plus total hasard" sur le fameux Samwell, mais... Mais elle n'était pas franchement certaine que ce soit une bonne idée. Certes, elle n'était pas de ces criminels qui avaient leur tête mise à prix placardée partout dans l'espoir d'être arrêtée, mais ce n'est pas pour autant qu'il serait très stratégique de sa part de se balader très tranquillement dans les locaux du gouvernement sorcier américain. Elle était aventureuse, soit, pas totalement suicidaire non plus, elle n'avait pas l'intention de s'attirer des ennuis inutiles parce que sa curiosité aurait été la plus forte. Elle laissa cette possibilité en suspens, le temps de trouver une manière viable de mettre tout ça en place. Car quand Milla avait une idée en tête, elle ne l'avait pas ailleurs. Hors de question de ne pas jeter ne serait-ce qu'une œillade rapide à l'amant de son amie. Quant aux nouvelles qu'elle pouvait bien donner d'elle... Eh bien, c'était tout vu, et étant donné la nature des confidences de la jolie blonde, Milla savait qu'elle pouvait lui rendre la pareille sans aucune hésitation. Et c'était son intention. Elle savait d'ailleurs que ça lui ferait le plus grand bien que de pouvoir en parler.

-Eh bien... Tu sais à quel point j'adore marcher dans tes pas, commença Milla avec un sourire éloquent. J'ai quelqu'un. "Avoir" le terme était sans doute fort, Ethan n'était pas du tout à elle, c'était bien ça le problème, mais ce n'était qu'une question de temps, autant jouer sur les mots. Il travaille aussi au MACUSA. Ce qui signifiait donc qu'il y avait des chances pour que Ruby le connaisse. Mais pour le moment, en ce qui le concerne, il est seulement fiancé.

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illa ne savait pas trop si elle marchait particulièrement bien dans ses pas ou non, compte tenu du fait qu'elle n'était pas vraiment certaine de la nature des sentiments de Ruby pour son amant tout comme elle-même serait bien incapable de connaître l'issue de cette relation. Ruby semblait résigner à n'être que la maîtresse et à ne pas voir son amant divorcer (du moins Milla en avait-elle l'impression) alors que Milla, elle, de son côté, espérait bien réussir à rompre les fiançailles d'Ethan. Malgré tout, oui, le chemin qu'elles suivaient semblait quand même être le même, et Milla trouvait qu'il y avait largement pire que marcher dans les pas de Ruby O'Hara, que Milla adorait et admirait pour de très nombreuses raisons.

-S'ils étaient des hommes si bien que ça, ils ne courraient pas après d'autres femmes en étant déjà engagés, remarqua Milla dans un fin sourire.

Même si en effet, il semblait que la légende disait vrai, et que l'homme idéal n'avait aucune chance d'être disponible. Qualifierait-elle Ethan d'homme bien pour autant ? Tout dépendait du sens que l'on voulait bien donner à ces mots, en réalité. En ce qui la concernait, elle avait plutôt tendance à penser qu'Ethan, justement, n'était pas aussi droit qu'il le prétendait, et c'était surtout ça qui lui plaisait, au final, qu'il ne soit pas réellement quelqu'un de bien. Même si cela pourrait tout à fait se retourner contre elle. S'il était capable, après tout, de tromper sa fiancée actuelle avec elle, et même s'il devait accepter de la quitter pour elle, qu'est-ce qui lui garantissait qu'il ne céderait pas à une autre forme de tentation plus tard ? Mais elle allait un peu trop vite en besogne... Déjà, il faudrait que l'Auror renonce à se marier, et ce n'était pas encore quelque chose de gagné.

-Ethan Bryce, tu vois qui c'est ? demanda-t-elle quand Ruby demanda plus d'informations au sujet de son amant, ce que Milla trouvait parfaitement normal au passage, et elle ne comptait pas le moins du monde empêcher sa curiosité, d'autant qu'elle-même n'oubliait pas d'être indiscrète de son côté. J'ai jamais ressenti ça pour aucun homme avant lui, et ça m'angoisse un peu, pour tout te dire. Il est avec sa fiancé depuis une éternité, et il est convaincu que je joue avec lui alors... je suis pas convaincue qu'il renonce à son mariage pour moi. Mais j'ai pas dit mon dernier mot.

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illa afficha un fin sourire quand son interlocutrice admit qu'Ethan était un homme effectivement séduisant. Elle n'attendait pas forcément l'approbation de son amie, mais elle appréciait tout de même cette connivence, même si par moments, elle songeait que si l'Auror était un peu moins séduisant, il ferait peut-être un peu moins d'émules et elle-même serait un peu moins angoissée et jalouse - même s'il l'intéresserait sans doute moins s'il n'était pas à ce point à son goût physiquement, elle devait tout de même le reconnaître (l'apparence ne faisait pas tout, mais elle avait quand même une grande importance, et affirmer le contraire revenait à se leurrer dans les grandes largeurs).

Ruby prononça exactement les mots que Milla devait entendre... mais n'avait pas envie d'entendre. Ruby la connaissait par coeur, elle faisait partie de ses amies les plus proches, elle connaissait aussi bien son caractère que sa manière d'être, raison pour laquelle elle était la mieux placer pour l'avertir ou lui donner des conseils quand la situation se présentait. Ruby était honnête, et elle avait raison. Ethan allait la briser si elle le laissait la balader continuellement sans rien faire.

... Oui, sauf que c'était plus facile à dire qu'à faire. A l'idée de renoncer pour de bon à Ethan, elle avait l'impression que c'était son coeur qu'on lui demandait de s'arracher, comme s'il faudrait pour qu'elle y parvienne qu'il déserte de son corps, pour qu'elle-même ne soit plus qu'une coquille vide et sans émotion. C'était excessif, évidemment, mais c'était tout Milla. Elle était excessive, entière. Elle ne faisait jamais dans la demi-mesure, raison pour laquelle cet espèce de situation d'entre-deux, où elle laissait son interlocuteur avoir le cul entre deux chaises. Et en accusait les conséquences.

-Je sais pas si je peux réussir à faire ça, répondit Milla, qui avait envie de se donner des baffes à elle-même en constatant sa faiblesse. Elle se laissait mener par le bout du nez par... un mec ! C'était ridicule, complètement ridicule. Et elle ne réussissait pourtant pas à s'en défaire. Elle ne savait vraiment pas quoi faire exactement. On devrait avoir un putain d'interrupteur pour éteindre nos sentiments comme on veut. Elle poussa un soupir. Regarde-moi, je me sens complètement ridicule. Depuis quand je me laisse avoir par un mec ?

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h si, elle était totalement ridicule. Ou en tout cas, elle se sentait très franchement ridicule, ce qui revenait absolument au même à ses yeux. Les filles qui se comportaient ainsi qu'elles le faisaient, dépendante du regard des hommes qu'elles fréquentaient, perdues dans des relations qui ne pouvaient certainement pas leur rendre service, elle les observait avec mépris, avec moquerie, même, et à raison selon elle. Il fallait être débile et avoir une très faible estime de soi pour se laisser à ce point bouffer par sa relation avec un homme. Et pourtant, elle en était là, et elle ne contrôlait rien. Ni ses sentiments, ni quoi que ce soit.

Ruby avait raison, et Milla le savait. Il n'y avait pas d'issue heureuse pour elle. Dans ses moments de crédulité les plus naïfs, ou quand Ethan était dans ses bras, elle arrivait à se convaincre que ce qu'ils partageaient était tellement fort, tellement puissant, que son amant se ferait forcément une raison. Mais loin de lui, elle voyait bien que rien ne changeait, que rien ne changerait. Elle n'avait pas envie d'attendre qu'Ethan soit marié pour se raisonner - si elle devait réussir à se raisonner à ce moment là. Être la maîtresse d'un mec fiancé et convaincue que cet homme se séparerait pour elle, ça confinait déjà au pathétique, mais être la maîtresse d'un type marié qui, à ce stade, ne divorcerait jamais... n'en parlons pas. Elle valait mieux que ça. Et surtout, elle méritait mieux, beaucoup mieux que ça. A tout point de vue.

-Ouais. T'as raison, je sais bien que t'as raison, soupira Milla.

Ruby était de bon conseil, et Milla devait l'écouter. Mieux valait subir cette douleur vive qui finirait par lui passer en se détachant de cette relation vite, rapidement, comme on arrache un pansement, plutôt que de supporter cette douleur plus tard, plus longuement, parce qu'en plus de la douleur de perdre Ethan, elle souffrirait l'humiliation d'avoir été rejetée.

-C'est con, c'est comme un drogue.

Ruby n'exagérait rien en parlant de "pouvoir" qu'il aurait sur elle. C'était le cas, c'était le cas au point d'en être fondamentalement absurde... Elle devait se désintoxiquer d'Ethan. Mais en même temps, elle n'en avait pas envie. Une part d'elle conservait cet espoir absurde, cet espoir de ne pas se faire du mal en vain, et que ça finirait par porter ses fruits.

-Je crois que je vais avoir besoin d'aide le temps du sevrage, ajouta-t-elle en adressant à son amie un regard entendu.

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illa adressa un fin sourire à Ruby. Au moins, dans cette situation ô combien merdique, dans ce merdier à la con dans lequel elle s'était fourrée toute seule et à pieds joints comme une grande (pas si grande) fille, il en ressortait du positif : elle savait qu'elle pouvait compter sur l'amitié sincère de son interlocutrice à son égard, et elle ne regrettait définitivement pas de s'être confiée à elle... chose qu'elle faisait au passage rarement. Et pour cause, dans ce cas de figure précis, comment oser seulement parler de ce qui la travaillait sans redouter qu'on la prenne pour une abrutie finie ? Milla n'aurait pas spécialement été tendre avec quiconque lui aurait raconté l'histoire qu'elle confiait en cet instant à son interlocutrice.

Être à ce point accro à un homme, c'était affligeant de stupidité. Sauf que ce n'était définitivement pas une chose qu'elle avait contrôlé. Si elle avait eu le plein contrôle sur cette situation, certaines choses n'auraient pas changé : elle aurait certainement pris un malin plaisir à mettre un Auror dans son lit, par contre, elle n'aurait pas passé son temps à soupirer après lui une fois que ça aurait été chose faite. Elle se serait juste frotté les mains et serait passée à autre chose, à quelqu'un d'autre, laissant Ethan et sa petite vie plan-plan avec Elizabeth là où elle était sans se poser davantage de questions.

C'était tellement chiant, de se poser autant de questions. Sérieusement, c'était une torture, presque, à ce stade. Et du genre inutile, comme torture. Non mais vraiment... Elle n'avait pas mieux à faire de son temps ? Si, techniquement. Elle avait ses affaires à gérer. Et en plus, de ce point de vue, ces dernières se passaient plutôt bien, plus que bien, même. Elle devrait juste se satisfaire de ce constat, se remplir les poches et apprécier l'insouciance d'une vie où tout ne finissait pas par graviter autour d'une autre personne. Tu parles d'une vie... il n'y avait que les cruches finies pour finir comme ça. Les cruches finies et elle, donc. Qui était peut-être une cruche finie aussi, du coup.

-Heureusement que je t'ai, répondit Milla avec un large sourire. Tu es la voix de la raison. La jeune femme but une grande gorgée de son verre. Bon, et si on allait ailleurs ? J'ai envie de danser, pas toi ?

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ertains affirmeraient que Milla devrait trouver une autre voix à sa conscience, étant donné les choix de vie de Ruby et l'ambition dévorante de cette dernière, mais chacun se devait d'avoir une voix de la conscience à la hauteur de sa morale à l'origine plus ou moins douteuse. En l'occurrence, celle de Milla avait depuis longtemps été corrompue par ses choix et ses fréquentations, donc Ruby en voix de la conscience, c'était très bien pour elle. Milla écoutait ses propos comme parole d'évangile. En tous les cas, Milla savait qu'elle avait bien fait de s'adresser à son amie.

Ce n'était pas une chose qu'elle découvrait, elle le savait déjà, mais dans les moments om elle avait tendance à se sentir affectée ou perdue, c'était agréable d'avoir quelqu'un avec qui en parler franchement. Cela n'allait pas résoudre en un claquement de doigt tout ce qui n'allait pas dans sa relation avec Ethan, à laquelle elle devrait vraiment mettre fin, mais au moins, le fait d'en discuter, d'avoir un autre avis sur ce qu'elle vivait et des conseils de bonne foi et déterminés à l'aider à la faire se sentir mieux, ça lui enlevait un léger poids au cœur. Elle continuait d'avoir le cœur lourd, et elle ne pensait pas que les rouages de son cerveau allaient se mettre en veille de sitôt. Elle avait besoin d'une introspection plus longue, d'une remise en question qu'il n'était jamais chose facile, car la jeune femme était très fière et très sûre d'elle.

-Je savais que je pouvais compter sur toi, répondit Milla dans un lumineux sourire.

Milla savait, en effet, que Ruby était une fêtarde, et qu'elles s'y entendraient bien, toutes les deux, pour s'amuser, pour se changer les idées, pour danser, pour boire, peu importe, Milla était ouverte à toutes les possibilités du moment que cela changeait ses esprits, du moment qu'elles étaient ensemble. Danser, s'abandonner au mouvement de son corps et au rythme de la musique, c'était vraiment tout ce qu'elle voulait, et c'était une chose qu'elle adorait. La danse, c'était un vrai bonheur. La danse, c'était une véritable source d'euphorie pour elle. Elle était capable de tout oublier. Elle était capable de ne plus se focaliser que sur l'instant présent, et pas sur toutes ses autres préoccupations. Et ça, c'était très important pour elle.

-Allez, allons-y, ne perdons pas plus de temps.

La soirée ne faisait que commencer.

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illa était d'humeur à sortir, à bouger... en bref, elle était de son humeur habituelle. Elle avait envie de boire, de bavarder, de danser, de fumer, tout à la fois, ça lui était égal, elle avait envie de s'amuser et de passer du bon temps. Elle n'avait besoin de personne pour cela, et ses soirées étaient rarement calmes, on peut le dire, mais c'était toujours mieux quand on pouvait bénéficier de la compagnie d'une personne de qualité, et Ruby en était une, évidemment. Avec elle, elle savait d'ores et déjà qu'elle n'aurait définitivement pas l'occasion de s'ennuyer.

Ruby lui laissa les rênes au moment de lui demander où elle voulait aller. Ce qui convenait très bien en soi à Milla, qui adorait prendre des directives. elle se considérait comme une meneuse née, et cela se constatait parfois, il est vrai, dans ses interactions aux autres et dans la manière qu'elle avait de gérer ses relations sociales. Parfois, c'était un tort, et elle essayait de le corriger du mieux qu'elle le pouvait, mais en même temps, quand on lui tendait la perche, elle ne pouvait pas réellement faire autrement que de la saisir, pas vrai ? Du moins était-ce sa philosophie, qui jusqu'alors ne l'avait jamais desservie.

-Pas vraiment, tout ce que je sais, c'est que j'ai envie de boire et de danser. Je connais un dancing à l'autre bout de la ville, en transplanant on peut y être en deux-deux. Ou bien on tape dans les classiques et on va au Blind Pig... Elle marqua une pause... Enfin... Tu sais quoi ? J'ai envie de changer un peu. Je vais toujours aux mêmes endroits, j'en ai assez. On se lasse, à force, et puis on croise toujours les mêmes personnes. Elle observa son amie avec un sourire, elle avait bien envie de lui laisser mener la danse, pour cette fois. Allez, c'est toi qui décides ! J'ai envie de découvrir un nouvel endroit. Son sourire s'élargit : Surprends-moi.

Au fond, on pourrait dire que tous les bars ou tous les dancings se valaient, mais ce serait mal connaître le New York sorcier (et même moldu, car il arrivait souvent à Milla de s'incruster dans des soirées moldues dans la plus totale illégalité, et elle adorait ça, même). Non, chaque endroit avait une ambiance différente et impliquait de se plier à des codes d'une autre nature. Et c'était bien ça qui l'intéressait.

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