Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis. (Newt)

Newt avait cru désespérer de le revoir, mais Dougal était bel et bien de retour, et Newt appréciait son retour comme un rare rayon de soleil dans un ciel autrement vraiment gris. Le magizoologiste n'était pas entièrement rassuré malgré tout.

Le demiguise avait disparu et avait été livré à lui-même pendant très longtemps, dans un cadre stressant et peu familier, et avait sans doute dû s'alimenter avec les moyens du bord. Il le suivait donc avec beaucoup d'application pour s'assurer que la créature n'avait pas contracté le moindre mal qui serait à imputer à sa fugue.

A première vue, tout allait bien. Le pelage de l'animal lui semblait un peu plus terne que d'habitude, mais en dehors de cela, Dougal paraissait tout à fait en forme, et heureux d'avoir retrouvé le cadre que Newt avait façonné pour lui ainsi que pour ses comparses... dont il était tout autant inquiet de l'état.

Il ne regrettait pas de les avoir emmenés avec lui, même si Frank avait été l'objet premier et unique de son voyage outre-Atlantique (merci Dumbledore), mais le séjour se faisait beaucoup trop long. Certaines des créatures qui l'hébergeaient réclamaient elles aussi d'être rendues à leur milieu naturel. Pour les autres, elles étaient habituées à davantage d'espace dans l'espace qu'il leur avait aménagé dans son appartement londonien.

Oui, on ne manquait pas d'espace dans cette valise, mais les animaux restaient parqués sur un terrain restreint, qui n'était pas forcément approprié aux circonstances. Alors quoi ? Fallait-il qu'il achète et transforme une autre valise pour leur ménager plus d'espace ? Peut-être bien. Ou alors il devait compter sur le fait que toute cette histoire allait bien finir par se tasser et qu'il allait pouvoir rentrer chez lui... autant dire qu'il n'y croyait plus vraiment, et qu'il y avait même un peu renoncé. Pour le moment.

Par certains aspects, il s'en accommodait. Il gardait un prétexte en or pour passer du temps avec Tina. Par d'autres, Londres et sa vie d'avant lui manquait. Ici, il avait bien du mal à trouver sa place... et il avait le sentiment que ses créatures aussi.

Perdu dans ses pensées, alors qu'il examinait Dougal et coiffait son pelage presque mécaniquement, il entendit frapper à la porte. Il mit un certain temps à ouvrir, le temps de quitter sa valise, le tout pour se retrouver face à son frère. Ah.

-Salut Newt. Je ne te dérange pas ? J’aimerais qu’on parle un peu.

"D'accord", répondit-il sans forcément d'enthousiasme avant de laisser entrer Theseus. "J'ai du travail, mais tu peux me parler pendant que je m'occupe de Dougal", précisa-t-il avant de retourner à sa valise en invitant Theseus à le suivre.

-Dougal ? C'est bien le demiguise que tu avais perdu ?

Newt hocha la tête et s'autorisa même une légère esquisse de sourire. Le magizoologiste avait tendance à penser que son travail et ses créatures n'intéressaient pas et n'intéresseraient jamais son frère, si bien qu'il s'était attendu à ce qu'il ne retienne pas cette information. Mais il l'avait fait. Et ce qui pouvait donner l'air de n'être pas grand-chose signifiait beaucoup pour Newt, même s'il ne comptait pas trop le montrer non plus.

Ni ne comptait lui apprendre les circonstances dans lesquelles il avait mis la main sur le demiguise. Tout n'avait pas été complètement... légal ? dans l'affaire, aussi préférait-il se taire sur la question. Dans tous les cas, Newt supposait que même si Theseus s'y intéressait, ça n'ôterait pas grand-chose au fait que c'était surtout parce qu'en tant que nouveau directeur du département de la justice magique du MACUSA, ça lui retirait une épine du pied si les choses se passaient de cette façon-là et pas d'une autre. Il ne pensait pas être dupe sur cette question.

-Newt, je voudrais te demander quelque chose...

"Est-ce que tu peux m'apporter la petite boîte en fer qui est sur mon bureau, s'il te plaît ?" demanda distraitement Newt.

Ce n'était pas exactement de la distraction, en réalité... ou plutôt, une sorte de distraction volontaire, car Newt n'était pas forcément impatient d'entendre ce que son aîné avait à lui dire. Tous les signes indiquaient que ça ne devrait pas lui plaire. Le ton de sa voix, sa manière de se tenir, sa façon de tourner autour du pot. Ils avaient beau avoir souvent du mal à se comprendre, rien n'ôtait le fait qu'ils avaient grandi ensemble, et il y avait donc des signes qui ne trompaient pas, et qui n'échappaient pas au magizoologiste.

Il voulait lui demander quelque chose, et ce n'était pas un petit service de pacotille, sans quoi il n'y mettrait pas tant de formes. Restait à savoir quoi exactement, et il n'avait pas la réponse à cette question. Mais il la devinait un peu. Et ce qu'il devinait ne lui disait définitivement rien qui vaille.

"Je t'écoute", ajouta-t-il sans détourner son regard de Dougal, comme si c'était à lui qu'il s'adressait.

Par certains aspects, et même s'il n'était pas forcément doué pour lire les gens et bénéficierait de pouvoirs comme ceux de Queenie, même si ces derniers semblaient lui rendre la vie impossible, il pensait être aisément capable de décrypter son frère, peut-être quelque chose lié au fait qu'ils avaient grandi ensemble. Et il estimait le connaître suffisamment en tout cas pour saisir son embarras.

Et par sympathie, par élan de fraternité, il pourrait éventuellement faire quelque chose pour apaiser cet embarras, sans doute, mais il n'allait pas nier que ce n'était pas involontairement qu'il laissait Theseus tourner autour du pot sans l'encourager ou lui venir en aide. Quoi qu'il puisse avoir à lui dire, non, il n'avait aucune intention de lui faciliter la tâche, effectivement. Il sentait que cette visite n'annonçait rien de bon, et s'il privilégiait le soin de ses créatures au discours de son frère, c'était bel et bien pour fixer une échelle de priorité.

Soit Theseus était présent au nom du Macusa et il n'allait pas aimer ce qu'il lui faudrait entendre, soit Theseus était là pour lui parler une nouvelle fois de Leta, et il n'allait pas aimer ce qu'il allait entendre. Dans un cas comme dans l'autre, il n'était pas forcément pressé de laisser son aîné discourir et s'il n'était pas vicieux à ce point non plus, il prendrait presque un malin plaisir à voir son frère se dépêtrer avec son propre embarras.

-Avec les derniers événements, je vais sûrement rester à New York un bon moment...

Cela, Newt l'avait déjà compris. En acceptant de prendre la place de Percival Graves, Theseus avait aussi accepté, tacitement, de rester plus longtemps. Aux yeux de Newt, c'était un choix judicieux. Son frère, le grand héros de guerre, qui avait chapotté les opérations lors de la nuit du Nouvel An, lui paraissait tout disposé à remplir parfaitement ses fonctions. Newt aurait peut-être préféré que son frère s'en aille, retourne en Angleterre et ne pas l'avoir dans les parages alors que sa situation était déjà si délicate, mais il s'était fait une raison.

Et peut-être aussi qu'en dépit de ce qu'il voulait bien admettre, la présence de son frère lui faisait du bien, et il aimait l'avoir à proximité, même si ce n'était pas pour avoir de longues et profondes conversations, juste pour savoir qu'il était là.

-On a avancé la date du mariage, on va le faire ici.

Bon. C'était donc bel et bien ce que Newt avait présumé. Il ne put retenir un léger soupir. Il n'avait pas du tout envie d'entendre parler de ce mariage, mais de toute évidence, il n'y couperait pas.

"Et donc ? Tu attends ma bénédiction ?" demanda Newt d'un ton peu amène en interrompant ce qu'il faisait pour regarder pour la première fois son frère plus directement.

-Quelque chose dans cet esprit, oui.

Newt grimaça. C’était bien ce à quoi il s’était attendu, mais il n’avait pas la moindre envie d’exaucer son frère sous le seul prétexte que ce dernier le lui demandait. Il voulait bien croire que ses intentions étaient pures, mais elles n’étaient pas souhaitées. Il ne pouvait qu’accepter la relation entre Leta et Theseus. D’une certaine manière, ça ne le regardait plus. Mais il ne fallait pas attendre de sa part qu’il applaudisse des deux mains pour autant, surtout qu’il continuait de penser que son frère commettait une erreur de jugement en faisant le choix de se marier à Leta.

Il était évidemment de parti pris, c’était tout le propos de cette situation, d’ailleurs, mais cela n’ôtait absolument rien au fond de sa pensée. Il savait que Leta valait plus que la réputation qui l’entourait, et s’il l’avait aimée (des sentiments dont il pensait être définitivement guéri, à présent, et ce n’était pas plus mal), c’est qu’elle avait des raisons de l’être, aimée, au-delà de ce qu’elle montrait d’elle, de ce qu’elle laissait paraître ou de ce que les autres décidaient de voir en elle, à tort, bien sûr.

Leta valait plus que cela, mais ce n’est pas pour autant que son mariage avec Theseus n’était pas voué à l’échec. C’était une des caractéristiques majeurs de Leta, et le magizoologiste gageait qu’elle-même aurait bien du mal à le nier : elle détruisait tout ce qu’elle touchait. Ce n’était pas toujours volontaire, mais ça restait le cas. Elle était poussée, constamment, par cette sorte de force nocive qui la poussait à agir en contradiction avec ce qui pourrait être le mieux. Une pro de l’autosabordage, comme si c’était la seule façon pour elle d’assumer ce passé dont elle n’osait pas parler, dont même à lui elle n’avait jamais parlé, mais qui la dominait, qui lui collait à la peau.

Alors non, il voulait bien fermer les yeux, c’était le mieux qu’il pouvait faire, mais leur donner sa bénédiction, c’était aller un peu loin tout de même. Et par ailleurs, n’avaient-ils pas d’autres priorités à gérer. Ce mariage pouvait bien attendre, n’est-ce pas ? Qu’en avait-on à faire, après tout ?

Je veux que tu sois présent, je veux que tu sois mon témoin.

Il savait qu’ils en arriveraient là. C’était logique, bien sûr. Si Newt devait se marier un jour – mais il n’envisageait pas spécialement que ce puisse finir par être le cas, il ne se verrait pas faire autrement que de convier son frère et de lui confier le rôle de témoin. Ils avaient leurs différends, à l’évidence, de vieux conflits qu’ils n’étaient toujours pas parvenir à résoudre, même après tout ce temps, mais ils restaient frères, et même quand rien ne semblait s’y prêter véritablement, ils restaient là l’un pour l’autre, indéniablement. Et même maintenant ?

C’était pour lui que Theseus avait traversé l’Atlantique. Pour le retrouver, pour l’aider. Il lui devait sans doute ça. Oui. Mais.

« Je ne veux pas assister à ton mariage, Theseus », dit-il sans accepter de croiser son regard. « Je ne veux pas cautionner ce que je pense être une erreur. » Il marqua une légère pause, consentit à lever les yeux. « Je suis désolé… »

-Oui, moi aussi.

Newt voulait bien croire que Theseus soit désolé, en effet. Il voyait bien qu'il était navré de la situation, et le magizoologiste ne prenait pas vraiment plaisir à mettre son frère dans une telle position, mais le jeune homme estimait malgré tout que la situation ne méritait pas une autre réaction de sa part. Non, il n'allait pas prétendre cautionner cette situation pour faire plaisir à son frère, il n'allait pas se pointer à son mariage et jouer les témoins en affichant un faux sourire de circonstances tout ce temps.

Il préférait être absent que d'être présent par obligation. Il savait qu'il allait peut-être "gâcher" en partie le plus beau jour de la vie de son aîné, mais d'une autre côté, ce jour serait sans doute bien moins beau s'il était présent. Il ne voyait pas qui saurait se satisfaire de sa présence à ce moment-là. Si, Leta peut-être, Leta qu'il n'arrivait pas à comprendre, dont il était incapable de déceler les motivations. Peut-être qu'elle s'amuserait beaucoup de cela, mais ce ne pouvait clairement pas être le cas de Newt de son côté.

-J'ai au moins le droit de savoir pourquoi ?

Oui, il en avait tout à fait le droit, mais Newt trouvait la question un peu malvenue, surtout parce qu'il estimait que la question n'avait pas besoin d'être posée. Theseus devinait la réponse, et il savait que cette réponse ne lui plairait pas. Il ne pouvait tout simplement pas commencer à jouer avec ses nerfs. Ils devaient cesser de jouer avec leurs nerfs respectifs. Cela ne pouvait pas se passer comme ça, il ne fallait pas que ça se passe comme ça.

Alors il avait le droit, et puisqu'il demandait des explications, Newt allait les lui donner, car il les lui devait, mais il n'avait pas franchement envie de les lui fournir. Cette conversation était déjà suffisamment pénible, il ne voyait vraiment pas de nécessité d'en rajouter. Mais puisqu'ils en étaient là, il allait devoir, à l'évidence, s'y plier, et que cela lui plaise ou non, que cela lui convienne ou pas.

"Tu sais très bien pourquoi..."

Son passé commun avec Leta, le comportement actuel de Leta... Au-delà des sentiments qu'il avait eu pour elle... Il ne pouvait pas croire qu'elle et son frère puissent être faits pour être ensemble. Ou Leta être faite pour être avec qui que ce soit.

"Tu es vraiment sûr de vouloir l'épouser ? Elle est instable, tu le sais bien..."

-Et donc ? Je suis supposé l'abandonner ou renoncer à elle sous ce prétexte.

Non, il n'était rien supposé faire. Newt n'attendait rien, n'exigeait rien de la part de son frère. Ils avaient toujours fait les choses indépendamment l'un de l'autre quoi qu'il en soit, il n'y avait aucune raison pour que ça change, alors en fin de compte, non, il ne demandait rien et n'attendait rien de sa part... Mais il sentait que Theseus, de son côté, attendait quelque chose : il attendait sa bénédiction.

Mais sa bénédiction, peu importe la manière dont son frère présenterait les choses, il ne la lui donnerait pas. Il était entier, il n'était pas hypocrite. Et s'il demeurait fidèle à ses valeurs, alors il ne pouvait pas lui fournir d'autre réponse que celle qu'il lui avait donné.

Non, il ne voulait pas forcément qu'il renonce à Leta, ça ne changeait plus grand-chose pour lui qu'ils restent ensemble ou non. Mais s'il restait avec Leta, il fallait qu'il consente à admettre qu'il allait souffrir, forcément. Il ne pouvait en être autrement. Il souffrirait forcément et il fallait qu'il le considère et qu'il l'accepte.

-Elle est instable, soit. Elle le restera tant que personne ne lui offrira de stabilité.

Newt n'en était vraiment pas certain. Il n'aimait pas croire qu'aucune cause soit perdue, il voulait croire que tout le monde avait droit à une chance. Mais des chances, Leta n'en avait pas eu qu'une seule, il en avait eues bien davantage. Et à chaque fois, elle les avait négligées. Elle refusait les mains tendues, et Newt savait que c'était parce qu'elle estimait ne pas les mériter. C'était avec elle-même qu'elle devait résoudre ses conflits intérieurs, et ce n'était pas gagné. Des fois, l'aide des uns et des autres ne suffisait pas, il en fallait encore davantage.

-Je n'ai pas l'intention de l'abandonner, Newt. Elle a le droit à une nouvelle chance, tout le monde à le droit à une autre chance.

"Je ne t'ai jamais demandé de l'abandonner", répondit Newt d'un ton d'une neutralité exemplaire. "Mais ne te prends pas pour le sauveur absolu. Leta a beaucoup de problèmes à régler, et ce n'est ni toi, ni moi qui lui permettront de les résoudre. Au fond tu le sais déjà très bien, pas vrai ?"

-Je ne me prends pas pour le sauveur absolu

A cela, Newt préférait ne rien répondre : ils ne parviendraient pas à se mettre d'accord sur la question. Pour lui, c'était assez évident que son interlocuteur souffrait du syndrome du sauveur.

C'était un bien et un mal, et au fond c'était peut-être une chose qu'ils avaient en commun, même si Theseus avait décidé de se concentrer sur l'humain quand Newt, de son côté, leur avait privilégié les animaux.

Oui, il avait le syndrome du sauveur, il l'avait avec tout le monde. C'était pour cette raison qu'il était devenu Auror, c'était pour cette raison qu'il s'accrochait à Leta quoi qu'il arrive, et en dépit de ses défauts évidents.

Et c'était aussi pour ça qu'il avait décidé de traverser l'Atlantique pourvenir à son secours alors que Newt n'avait rien demandé à personne et n'avait certainement pas tenu à ce que son grand frère, le grand héros de guerre, vienne à sa rescousse. Même, il se le serait particulièrement bien épargné.

Il aurait bon ton d'admettre que oui, il avait ce besoin de sauver tout le monde, constamment, à tout prix. Mais il n'était pas dans sa nature que de passer à ce genre d'aveux.

-Même si elle doit résoudre ses problèmes par elle-même, ça ne veut pas forcément dire qu'elle doit être seule pour les affronter.

Non, c'est vrai, mais elle était toxique, elle ne faisait pas qu'attendre des autres un soutien moral : elle pompait votre énergie, vous usait jusqu'à la corde, ne vous laissait aucun répit, à aucun moment. Elle allait le bouffer tout cru, si ce n'était pas déjà fait.  

Mais Newt devrait arrêter de chercher à le prévenir. Le plus simple, c'était encore que Theseus réalise les choses par lui-même. Il n'entendrait rien de la part de son frère. Il fallait peut-être qu'il l'épouse et qu'il réalise les choses de lui-même pour vraiment comprendre ce qu'il en était.

Je l'aime, c'est tout.

"Je sais bien..."

C'était bien le souci... Et Newt avait sans doute encore un fond de sentiment pour Leta. Pas ceux qu'il avait à l'époque, non, mais il avait été sincèrement, profondément amoureux de Leta, il ne pouvait pas l'occulter. Et ça biaisait forcément la conversation. Newt pousse un soupir.

"Bon..." Il baisse le regard. "Bon, c'est d'accord, je viendrai."

Newt demeura parfaitement immobile tandis que son frère le prenait dans ses bras. Il le connaissait, il savait que, contrairement à lui, il pouvait se montrer démonstratif, il avait besoin de cela pour témoigner son affection. Il le savait mais il était loin d'avoir la même manière d'appréhender les relations humaines. Bien au contraire, même. De manière générale, il avait plutôt tendance à s'épargner tout contact, avec qui que ce soit, même les personnes qu'il appréciait.

Newt préféra attendre que l'instant passe plutôt que de rendre Theseus son étreinte. Dans tous les cas, il se sentait un peu piégé dans cette situation, ce n'était pas parce qu'il avait consenti à accorder cette faveur que tout était réglé entre eux.

C'était même tout l'inverse. Il faisait l'effort d'une concession, d'un pas en direction de son frère, mais il n'avait certainement pas l'intention de trop en faire, non plus. Donc il était là, les bras ballants, à attendre que ça passe. Et ça finit par passer, en effet.

-Merci... beaucoup. Vraiment, ça compte énormément pour moi.

Oui, ça Newt l'avait bien compris, et c'était pour cette raison d'ailleurs qu'il faisait cet effort qui, honnêtement, lui coûtait beaucoup. Il avait bien compris que dans tous les cas, Theseus commettrait l'erreur à ne pas commettre, alors au final... Autant être présent, même s'il ne pourrait sans doute pas faire grand-chose, dans tous les cas.

Bien sûr, tu pourras emmener un invité, pourquoi pas ta nouvelle amie, Tina ? C'est vraiment quelqu'un de bien.

Newt baissa le regard. Parmi la multitude de sujets qu'il préférait éviter d'aborder, Tina était en bonne position. Pour pas grand-chose, puisqu'il n'y avait rien entre lui et elle... Enfin, tout était une question de perspective. Il ne s'était rien passé, est-ce que ça voulait dire qu'il n'y avait rien ? Non, ou en tout cas, en ce qui le concernait, il avait bien conscience que Tina accaparait ses pensées avec beaucoup d'application.

Est-ce que pour autant il tenait à en dire quoi que ce soit ? Pas vraiment. Et certainement pas en présence de Theseus. Tant qu'à faire, il ne voulait pas lui infliger ça. Et il n'avait certainement pas envie de s'engager dans ce genre de confidences avec son frère.

"Je pense qu'elle aura mieux à faire.", se contenta de répondre Newt aussi évasivement que possible. "Tu avais autre chose à me dire ?"