Ton mauvais frère, c'est encore ton meilleur ami. [pv Frangin :333]

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Ton mauvais frère, c'est encore ton meilleur ami.

Glenn ne pensait pas parvenir à comprendre ce que Achilles ressentait pour Tina Goldstein. Mais il devait bien avouer qu’il était quand même curieux qu’il mette des mots sur ce qu’il ressentait, sur ce que cela lui faisait d’être amoureux d’une jeune femme. Glenn n’avait pas forcément besoin d’entendre tout ça, mais c’était une manière pour lui d’apprendre un peu plus, de tenter de comprendre en théorie bien sûr. Il avait conscience que les sentiments étaient une part importante de l’être humain, la force et la faiblesse de chacun. La preuve, dans la plupart des romans, même ceux qui ne se donnait pas pour genre une littérature à l’eau de rose, il y avait forcément des sentiments humains en cause. Le courage, la peur, l’amitié, l’affection d’une manière générale. Et Glenn de son côté, il ne ressentait rien. Ou presque rien.

Achilles se montra plus précis sur ce qu’il ressentait quand il se trouvait auprès de sa collègue. Son cœur battait plus rapidement, une réaction chimique de son cœur qui faisait qu’il battait plus rapidement parce que flux sanguin était plus important. Il se trouvait comme dans une bulle, oubliant tout ce qu’il y avait autour de lui. Glenn nota mentalement l’information, il ne savait pas si ça allait lui être utile, mais il préférait quand même noter l’information. Il n’y avait qu’elle, il en oubliait tout. Même lui ? Glenn n’était pas jaloux, ça lui irait bien que son frère s’occupe plus de cette collègue que lui par moment, même s’il s’accommodait bien de sa présence.

« C’est vrai que ton sourire est parfaitement idiot. » Répondit-il sur le même ton neutre habituel dont il avait l’habitude quand son frère lui affirma qu’il ne pouvait pas s’empêcher de sourire comme un abrutit quand il pensait à elle, justement en souriant comme un abrutit. Glenn n’avait pas pour habitude de sourire, s’il le faisait peut-être qu’il aurait l’air parfaitement ridicule également. Mais en même temps, il n’en aurait que faire d’être ridicule. « Tu oublies vraiment tout ? Même moi ? »

Ce détail n’était peut-être pas important, mais Glenn était quand même curieux de comprendre ce que cela faisait de se retrouver dans une bulle. Le jeune homme parvenait par moment à se concentrer sur une unique chose, comme s’il se trouvait dans une bulle, mais son esprit ne pouvait pas non plus s’empêcher de vagabonder à droite et à gauche. Parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de réfléchir à longueur de temps. Et si Achilles parvenait à tout oublier, lui comprit, alors c’était peut-être une « bonne » nouvelle. Pas qu’il cherche spécialement à se débarrasser de son Auror de frère, mais il allait avoir pas mal de chose à faire prochainement et il n’avait pas spécialement envie de l’avoir dans les pattes. Il ne posait donc pas cette question par excès de jalousie fraternelle idiote – il faudrait qu’il soit capable d’être jaloux –, mais par intérêt, par curiosité. Parce que Achilles avait quand même le don de se préoccuper beaucoup de lui depuis leur plus tendre enfance, trop parfois.

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Ton mauvais frère, c'est encore ton meilleur ami.

A

chilles ne se départit pas de son sourire - idiot - quand son frère lui fit remarquer à quel point ce sourire lui donnait justement l'air stupide. Il n'allait pas se vexer alors que c'était une chose qu'il pensait lui-même, après tout, quand bien même avec Glenn, il était toujours difficile de savoir si ce dernier plaisantait ou non. Dans le doute, mieux valait-il tout de même partir du principe qu'il ne plaisantait pas, car on ne pouvait pas franchement dire qu'il était dans la nature du jeune homme de faire dans la franche rigolade. Bon, ça pouvait être un peu vexant, quelque part, d'être qualifié d'idiot par son frère, mais après tout, c'était son sourire qui lui donnait l'air idiot, pas lui qui l'était vraiment. Achilles avait parfois un petit travail à faire sur lui quand il était question de ne pas être blessé par les propos de son frère, mais il le côtoyait par la force des choses depuis sa plus tendre enfance, cela aidait quand même à ne pas prendre inutilement la mouche au moindre de ses propos.

L'Auror passa donc outre cette remarque, bien vite balayée, dans tous les cas, par la question que Glenn lui posa ensuite, et à laquelle Achilles ne s'était certainement pas attendu. Est-ce qu'il oubliait tout, y compris Glenn ? Sa question pouvait presque passer par une marque de jalousie, mais Achilles ne s'estimait pas si important. Il n'était pas vraiment sûr que son frère soit capable de se montrer jaloux, c'était même un peu frustrant, à vrai dire... comme pour tous les sentiments qui seraient susceptibles de lui prouver qu'il tenait au moins un peu à lui et qu'il ne montrait jamais. Ceci dit, il ne devait pas poser cette question pour rien non plus. A moins qu'il ne s'agisse que d'une légitime curiosité ? Dans tous les cas, Achilles décida de lui répondre très franchement. Franchise contre franchise, ce n'était pas comme s'il pensait que son propos vexerait Glenn quoi qu'il en soit.

-Eh bien aussi incroyable que ça puisse paraître, dans ces moments-là, oui, je ne pense même plus à toi, admit Achilles.

Et c'était suffisamment rare pour être noté, au passage. Il est vrai que son frère était bien souvent au coeur de ses priorités et donc de ses pensées, parce que l'Auror s'inquiétait pour lui, parce qu'il voulait s'assurer que tout allait bien, que tout irait bien pour lui... Mais oui, en présence de Tina, ses pensées étaient anesthésiées, il pourrait presque oublier qu'il avait un frère, c'était dire.

-Mais ne te réjouis pas trop, ça ne dure jamais bien longtemps, ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Il ne voulait pas croire que son frère puisse le blâmer de vouloir à ce point être présent pour lui. Mais en même temps...

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Glenn ne comprenait pas toujours tout aux autres, il avait un peu de mal à cerner encore certain sentiment même s’il s’était suffisamment renseigné pour les reconnaître quand même. Il n’avait aucune idée de ce que cela faisait d’être amoureux donc, parce qu’il ne ressentait jamais de l’amour. Pas même pour son frère. Glenn savait bien que Achilles n’était pas le même dans sa vie que certaines autres personnes, il ne le mettrait pas dans le même panier que tout le monde, mais quand même il ne savait pas ce que cela faisait d’aimer sincèrement ne personne. Comme Achilles aimait sa collègue, au point d’être donc capable de l’oublier. Ce qui était un fait important mine de rien.

Si Glenn ne comprenait pas tout, il savait que Achilles se faisait suffisamment de souci pour lui pour se préoccuper de son sort à longueur de temps. Beaucoup trop aux yeux du sorcier d’ailleurs qui aimerait bien que son frère décide de lui lâcher la grappe de temps en temps. C’était sans doute la meilleure manière qu’il avait de son côté d’avoir mon Achilles sur le dos, parce que s’il se préoccupait de sa collègue, il ne se préoccuperait pas de lui. En soit la présence de son frère ne le dérangeait pas tant que cela, mais il n’avait aucune envie que son ainé finisse par découvrir ses petites affaires. Ça ne l’arrangerait pas. Il allait finir par le découvrir un jour, c’était évident, mais Glenn considérait que c’était encore trop tôt. Et au fond, il devait bien avouer qu’il n’était pas si pressé que cela que Achilles découvre la vérité.

« Ça je n’en doute pas une seule seconde. » Commenta-t-il, de nouveau avec le même ton neutre de d’habitude. Il marqua une pause, hésitant avant de poser sa question suivante. Achilles allait le trouver peut-être étrange à lui poser toutes ces questions, mais il se les posait vraiment alors en soit, il considérait qu’il valait mieux qu’il les pose. « Et… » Même lui était capable de se rendre compte que sa question était délicate et que ça risquait de ne pas plaire à Achilles. Mais il avait l’habitude non ? « Tu ressentirais quoi si jamais un jour il devait… lui arriver malheur ? »

Ce n’était évidemment pas des menaces. Glenn se posait simplement la question. Il s’était déjà demandé ce qu’il serait capable de ressentir s’il devait apprendre que Achilles était mort, personne qui était au final le plus proche de lui. Glenn n’était pas sûr du tout de ressentir quelque chose. Et l’idée de devoir l’affronter pour le compte de son maître ne lui faisait rien non plus. Achilles de son côté avait l’habitude de ressentir des choses. Il était curieux de savoir sa réaction quand il allait découvrir ce qu’il faisait, sans pour autant être trop pressé de la voir non plus. Et là, il était curieux sur ce que son frère pouvait ressentir si jamais il devait perdre la femme qu’il aimait, même s’il se doutait un peu de la réponse.

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Ton mauvais frère, c'est encore ton meilleur ami.

A

chilles était plus décontenancé que surpris par les questions que lui posait son frère. C'est qu'il était toujours aussi difficile pour lui de déterminer à quoi il pensait, ce qui lui traversait l'esprit, et c'est certain, si ces questions lui étaient venues de quelqu'un d'autre, il les aurait très probablement un peu mal prises... Mais il connaissait Glenn, ou en tout cas il essayait de le connaître : le simple fait qu'il pose des questions, qu'il essaie de se mettre à sa place, c'était la preuve qu'il essayait de s'intéresser, tout simplement. C'était un exercice qui n'était pas naturel pour lui, qui l'obligeait à convoquer des émotions qu'il avait du mal à ressentir (en fait il ne les ressentait pas du tout mais c'était un constat qu'Achilles n'avait aucune envie de faire, c'était encore beaucoup trop difficile pour lui). Il hésita néanmoins, c'était difficile de répondre à cette question, pas parce que la réponse exigeait réflexion mais parce qu'elle était si évidente... et en même temps, Achilles ne voulait pas y répondre sur le ton de l'évidence, ce serait manquer de respect à son frère qui lui avait posé sa question avec une grande sincérité et la volonté très honnête d'obtenir une réponse de sa part.

La réponse était évidente. Il serait effondré si malheur arrivait à Tina. Et d'ailleurs, malheur lui était arrivé. Quand il avait découvert qu'elle était accusée de haute trahison, qu'elle avait bien failli être envoyé à la mort par son propre chef (même s'il ne s'agissait pas réellement de Graves, mais il l'ignorait à l'époque), quand il avait appris que Tina était recherchée et en danger mortel, il avait été... terriblement mal, perclus d'inquiétude, constamment, et à cette inquiétude se mêlait une profonde culpabilité, parce qu'il était du côté de ceux qui avaient juré sa perte... et il ne s'était pas rebellé. Aujourd'hui, il avait l'opportunité de changer les choses, et il en avait la ferme intention. Pour que plus jamais il n'ait à s'inquiéter de la perdre. Malheureusement, c'était un rêve inaccessible, au fond. Achilles pouvait bien espérer tant qu'il voulait, il n'était pas décisionnaire des événements, et vu leurs positions, la situation pouvait très vite dégénérer, en réalité.

-Je serais dévasté, répondit Achilles après un temps de silence. Peu importe ce qui doit se passer entre nous, même si au final on devait n'être qu'amis tous les deux, je suis incapable d'imaginer ma vie sans elle. Et aussi... si quelque chose lui arrivait, je me sentirais forcément coupable de n'avoir rien pu faire pour l'empêcher.

Et ce discours valait aussi pour Glenn. Il ressentirait la même chose si ça devait le concerner lui aussi.

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Ton mauvais frère, c'est encore ton meilleur ami.

Glenn avait parfaitement conscience que les questions qu’il posait à Achilles devaient le déconcerter. Il ne parvenait pas réellement à savoir ce que son frère ressentait vis à vis de ses questions, le fait de devoir lui expliquer des choses qu’il devait considérer naturelles, évidentes. Achilles était loin d’être capable de réellement le comprendre, il n’y avait sans doute personne capable de le comprendre, mais il avait quand même conscience de qui il était et des lacunes qu’il avait concernant l’humain d’une manière générale. C’était pour cela que Achilles prenait autant de soin à répondre à ses questions et visiblement, il réfléchissait à la meilleure manière d’y répondre. Ce que Glenn appréciait, autant qu’il était capable d’apprécier quelque chose.

Il ne se préoccupait pas réellement de ce que les autres pensaient de lui, mais très tôt il avait dû apprendre à retenir certain trait de son caractère, à jouer un jeu. Avec Achilles, Glenn savait qu’il pouvait se permettre de poser des questions que le monde entier devait considérer idiotes, et qu’il ne serait pas jugé par lui. Parce que Achilles le connaissait. Et même s’il était possible qu’il trouve ces questions étranges, il ne l’envoyait pas balader parce qu’il les posait. Glenn gardait très souvent des réflexions pour lui-même, se doutant que ses interlocuteurs ne pourraient pas comprendre. Quand il avait conscience de cela, parce qu’il y avait aussi bien des moments où il disait les choses sans filtre.

Achilles serait donc dévasté. Le monde devait trouver cette réponse évidente donc, qu’il n’y ait pas besoin d’en ajouter plus, mais cela ne parlait pas du tout à Glenn. Même si Achilles devait n’être qu’un ami pour Goldstein, il ne parvenait pas à imaginer sa vie sans elle. Glenn en même temps qu’il écoutait la réponse de son frère, analysait sa propre situation. Serait-il capable de ne pas se passer d’une personne ? Achilles était très certainement la personne la plus proche de lui, mais il parvenait quand même à imaginer sa vie sans lui. Elle continuerait, comme elle devait le faire. Mais il y avait autre chose, Achilles ne manquerait pas de se sentir coupable si quelque chose devait arriver à celle qu’il aimait, parce qu’il n’aurait pas été capable de faire quelque chose pour l’arrêter.

« Même si ça n’a rien à voir avec toi ? » Achilles était définitivement beaucoup trop complexe pour Glenn. Il se sentirait coupable de quelque chose qu’il n’avait même pas fait ? Dont il ne serait pas responsable. Une fatalité du destin, que personne ne pouvait empêcher. C’était beaucoup trop pour Glenn, il se sentirait noyé à sa place. S’il devait ressentir de la dévastation en perdant son frère, responsable de ce qui pourrait lui arriver, se sentir coupable parce qu’il aurait provoqué sa perte d’ailleurs… il ne s’en sortirait clairement pas. Mais il ne ressentait rien de tout ça, c’était tellement abstrait pour lui cette notion. « Je ne comprends pas qu’on puisse être à ce point… lié à une personne. »

Le destin de Achilles semblait tourner autour de celui de Porpentina, entre autres.

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Ton mauvais frère, c'est encore ton meilleur ami.

-M

ême si ça n'a rien à voir avec moi, oui, confirma Achilles dans un grave hochement de tête.

Les questions de son interlocuteur pouvaient sembler aussi détachées qu'insensibles, mais l'Auror connaissait suffisamment son frère pour ne pas en prendre ombrage. Il préférait observer les choses sous un autre angle. Oui, il ne semblait pas capable de comprendre ce qui semblerait évident à d'autre, et quelque part, c'était douloureux et démoralisant, mais d'un autre côté, s'il posait ce genre de questions, c'était tout de même qu'il s'intéressait à toutes ces questions, et donc que même s'il était détaché des émotions humaines, il faisait l'effort de tenter de les appréhender. Aux yeux d'Achilles, c'était vraiment quelque chose de remarquable, et qu'il avait envie d'encourager.

Raison pour laquelle il décidait de demeurer aussi patient que nécessaire. Cela demandait de prendre sur lui, car il était difficile d'accepter, même après tout ce temps, qu'une personne qu'on aimait autant n'avait naturellement que faire de vous. Il se disait qu'au prix d'un certain nombre d'efforts, il parviendrait peut-être à changer la donne, va savoir ? Certes, c'était une considération utopiste, mais il réussissait à le comprendre malgré tout.

-Je me sens responsable des personnes auxquelles je tiens. La question n'est pas d'être directement coupable de ce qui leur arrive ou non, mais d'agir au quotidien pour leur bien-être, et forcément, quand on échoue à leur apporter ce bien-être, on ressent forcément une certaine forme de culpabilité.

Achilles ne pouvait pas nier le fait que c'était peut-être aller un peu loin, au final, et qu'il gagnerait, pas toujours bien sûr mais dans certaines circonstances à ressembler davantage à son interlocuteur, mais il était incapable de cela. Il était naturellement altruiste et empathique, il avait besoin d'aller vers les autres, ça faisait partie de sa façon d'être, ni plus ni moins. C'était pour cela qu'il était devenu Auror, et pour cette raison qu'il se soucierait toujours du sort des autres, de ses proches bien sûr mais aussi de n'importe qui, quoi qu'il arrive et peu importe les circonstances.

-Je sais que tu ne peux pas comprendre ça, mais c'est ce que je ressens vis-à-vis de toi aussi, je suis lié à ce point-là à toi, et je n'attends pas que ce soit le cas en retour, mais je veillerai toujours sur toi, quoi qu'il puisse advenir. J'espère que tu finiras par réussir à le comprendre.

Et il s'emploierait, par tous les moyens à sa disposition à le lui faire comprendre, mais il ne pouvait pas faire de miracle, évidemment, et depuis le temps qu'il s'y employait, il devait forcément savoir, au moins un peu, que c'était évidemment peine perdue.

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Glenn trouvait ça trop… juste trop, beaucoup trop. Achilles donnait le sentiment de ressentir trop de chose en même temps, au point que Glenn ne soit pas complètement capable de le suivre. Il ne suivait personne quand il était question de sentiment cela dit, mais il parvenait quand même à analyser diverses émotions d’une manière théorique. Il avait compris la notion de bonheur, de malheur, d’amour même. Deux personnes qui se rencontraient, qui niaient des liens au point de tomber amoureux (ou de tomber amoureux si subitement comme un coup de foudre, mais ça semblait encore plus improbable à ses yeux), et d’avoir envie de fonder une famille ensemble, de vieillir ensemble, d’être toujours attaché à cette personne. Il parvenait à théoriser ces sentiments, mais Achilles lui donnait l’impression d’en ressentir tellement plus que ça.

Il était amoureux de cette Tina, c’était un fait bien admis et donc s’il devait arriver à quelque chose à la jeune femme, même sans que Achilles ne soit responsable, il se sentirait coupable. Pourquoi ? Quel était l’intérêt ? Aucun sans doute et il semblait clair que Achilles ne le contrôlait pas. Il était comme ça, quand Glenn ne ressentait rien, Achilles ressentait trop, la preuve formelle de leur si grande différence. On disait souvent de Glenn qu’il était étrange, différent, mais à ses yeux, son frère l’était tout autant mais dans l’autre sens. D’autres personnes devaient penser comme lui sans doute, mais Glenn avait le sentiment que son frère était un cas quand même assez intense des sentiments. Et de patience aussi, tant il continuait de le supporter après toutes ces années, cherchant encore et encore à lui apprendre à être une personne « normale ».

« Ça va te perdre. » Dit-il naturellement, quand son frère affirma qu’il était tout aussi lié à lui. S’il n’y avait que la jeune femme ça irait, mais Glenn savait en effet que son frère était à ce point attaché à lui. S’il devait lui arriver quelque chose, Achilles se sentirait irrémédiablement coupable… alors qu’il n’y serait pour rien. L’Auror allait tomber de bien haut quand il allait découvrir les aspirations de son frère. « À force de te préoccuper de tout le monde sauf de toi, tu vas finir par te noyer. »

C’était quelque peu imagé, mais Glenn imaginait les choses ainsi. Achilles était noyé dans tout ce flot de sentiments, d’émotion, d’altruisme et tout ce qui faisait de lui… lui. C’était impossible qu’il s’en sorte. Au fond, Glenn préfèrerait que Achilles se préoccupe moins de lui, qu’il veuille moins le protéger et veiller sur lui parce que c’était évident qu’il allait s’y brûler les ailes. Ce qui devrait arriver arrivera, assurément, cependant le jeune homme aurait bien aimé que son frère soit un peu plus détaché. Une manière pour lui de le protéger un peu aussi, parce qu’au fond c’était son frère et il préfèrerait qu’ils n'en arrivent pas où ils allaient en arriver même s’il accepterait le destin.

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Ton mauvais frère, c'est encore ton meilleur ami.

A

u fond, Achilles ne pouvait pas totalement donner tort à son frère. Il en avait envie, parce qu'il ne voulait pas admettre que son accès d'altruisme puisse être une mauvaise chose, mais il se devait tout de même d'être honnête envers lui-même, et s'il se montrait honnête envers lui-même alors... Force lui était de reconnaître qu'il en faisait souvent trop, qu'il oubliait qu'il valait mieux, en certaines occasions, faire dans la demi-mesure... Et en effet, à force de se tourner vers les autres, il n'était pas rare qu'il s'oublie de son côté.

Cela pouvait se constater à quelques détails tout simples. quand on demandait à Achilles des nouvelles de lui, il aura tendance à parler des personnes autour de lui plutôt que de lui-même. C'était le bonheur des autres qui faisait qu'il admettait être heureux ou non, c'était le malheur des autres qui faisait qu'il se sentait malheureux. Au final, Achilles n'était ni plus ni moins que l'antithèse parfaite de son frère.

Quand ce dernier ne parvenait pas à s'identifier aux émotions des autres, Achilles, lui, souffrait d'être trop empathiques. Ni l'un ni l'autre de ces extrêmes n'était forcément enviable, et Achilles aurait sans doute gagné à partagé un peu de son apathie avec Glenn et Glenn un peu de son apathie avec Achilles... mais l'un dans l'autre... ils se rejoignaient tous deux en une sorte d'étonnant juste milieu... Et c'était pour cette raison que la présence de l'un pouvait bénéficier à l'autre, même s'il leur arrivait aussi très souvent de ne définitivement pas savoir s'entendre tant leurs centres d'intérêt se révélaient aux antipodes les uns des autres.

-C'est faux, je me préoccupe de moi.

Ce n'était pas pas vrai, Achilles ne se préoccupait pas vraiment de lui-même. Il faisait preuve, en cet instant, d'une mauvaise foi des plus crasses. Il ne voulait pas revenir sur la réalité de ce qu'il ressentait vraiment, et sans doute en paierait-il, tout naturellement, le prix fort.

-Je sais seulement reconnaître que je ne suis pas toujours la priorité. Et de toute manière... moi sans les autres... ce n'est pas vraiment moi, tu vois ce que je veux dire ?

Non, Glenn ne le verrait sans doute pas, car son discours devait sembler n'avoir que peu de sens et en avait effectivement au fond très peu. Force était de le constater, oui, Achilles avait un sérieux travail à faire sur lui-même, et c'était sans doute un comble que son frère soit celui qui le lui fasse remarquer. Un comble oui, mais nécessaire. Achilles avait besoin qu'on lui mette la vérité devant les yeux, et c'était à présent chose faite. Il fallait au moins cela, tout compte fait.

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